Je suis tous ces jours-ci très intrigué par les divisions entre chrétiens (entre catholiques, même) suscitées par les débats médiatiques que l'on sait - du moins, en Belgique. Je fais de temps en temps un petit tour sur des blogs "tradis" et suis frappé par la violence de certains propos, une violence quelquefois haineuse. Alors je m'interroge : qu'il y ait des oppositions, des divergences de vue, voire des divisions, soit. Mais pour les chrétiens, ces divisions, ces séparations sont un point d'appui à partir duquel (re)créer de l'unité. Et je tombe, cet après-midi, sur un texte de Simone Weil, déjà citée dans ces notes, et que j'extrais de La Pesanteur et la Grâce : "Deux prisonniers, dans des cachots voisins, qui communiquent par des coups frappés contre le mur. Le mur est ce qui les sépare, mais aussi ce qui leur permet de communiquer. Ainsi nous et Dieu. Toute séparation est un lien." (La Pesanteur et la Grâce, Plon, 1948, p. 166).
"Toute séparation est un lien" : voilà une tâche chrétienne, la transformation en lien de ce qui, a priori, sépare. Au soir d'une journée où, célébration de l'Armistice oblige, nous avons prié pour la paix avec la communauté civile et chrétienne d'Enghien, Simone Weil offre une belle méditation sur les racines de la paix et de la réconciliation, dans le coeur de chacun d'abord, dans les familles et les communautés, dans les villes et les villages, dans l'Eglise, dans la communauté internationale... Après tout, le prêtre est un "pontife", c'est-à-dire, étymologiquement, quelqu'un qui "fait des ponts", qui crée des liens! Et en ce sens, tous les chrétiens, qui sont prêtres par leur baptême, ont vocation non pas de pontifier, mais d'être des pontifes!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire