Face aux honneurs, décorations et autres fanfreluches que la société des hommes (et l'Eglise aussi, quelquefois) croit bon d'attribuer comme des "distinctions", il y a trois réactions possibles.
La première, en gros celle de Bernanos : tout refuser pour rester libre, pour ne pas être emprisonné par les reconnaissances sociales ou les institutions. Bernanos à trois reprises refusa la Légion d'Honneur, il refusa un poste ministériel après la guerre, il refusa une candidature à l'Académie Française ("Qu'irai-je faire là avec un chapeau à plumes?") C'est vertueux, et peut-être un peu orgueilleux - dans le cas de Bernanos, c'est en tous les cas efficace : sa liberté de parole, il l'a gardée jusqu'au bout.
La deuxième, mettons celle de Mauriac : accepter, comme on accepte la vie avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, mais accepter sans être dupe, avec ironie, humour, en en jouant. Mauriac reçut ainsi, en 1952, le Nobel de littérature. A un journaliste qui lui demandait ce que cela allait bouleverser dans sa vie, il répondit : "Ma femme va changer de réfrigérateur." Quelques années plus tard, alors qu'il défendait l'indépendance de l'Algérie, il fut inquiété par des menaces de l'OAS et on lui infligea la protection de deux policiers en permanence. Alors qu'il devait déjeuner avec un ami, il les lui indiqua des yeux à l'entrée du restaurant en disant : "J'essaie de m'en débarrasser. Ce matin, je les ai emmenés à la messe. Ca n'a pas eu l'air de les intéresser." Cher Mauriac...
La troisième, la plus vulgaire : les rechercher, ces honneurs, et les accepter comme s'ils étaient dus. On voit cette attitude partout, y compris dans l'Eglise, et pareille bêtise est à pleurer!
Mon père, qui avait été combattant et prisonnier de guerre, gardait dans un tiroir une batterie de médailles diverses. Quand on lui demandait son avis sur les décorations, il répondait : "Une décoration, ça ne se demande pas. Ca ne se refuse pas. Et ça ne se porte pas."
Cher papa...
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