Dans le droit fil de mon précédent message.
Déjeunant hier avec un promoteur immobilier (pour des raisons "professionnelles" : la paroisse d'Enghien vend un ancien couvent de Clarisses, et aimerait ne pas le faire n'importe comment. Si ça vous intéresse, hein...); déjeunant, donc, avec ce Monsieur, nous reparlions de l'ambition et des honneurs, et je lui citais Bernanos et Mauriac. Lui : "Mais, de l'ambition, il en faut, et moi j'en ai, pour moi, pour mes enfants, je veux réussir et je veux qu'ils réussissent..." Bon.
Examinons le discours.
Oui, réussir, mais quoi? Réussir "dans la vie", comme on dit, c'est-à-dire se faire une position, se tailler une part du gâteau, lorgner vers la reconnaissance sociale, et avec quels moyens? Je peux comprendre qu'une certaine ambition soit légitime : désir d'être reconnu à sa juste valeur, désir de plaire (pourquoi pas?), ou d'être aimé, etc. Et je veux bien admettre aussi que, faute de cela, un certain nombre de personnes que nous connaissons entretiennent avec la vie un rapport mettons dépressif.
Mais n'y a-t-il pas tout le bonheur caché? Le bonheur d'une vie familiale cahotique peut-être mais réconfortante? Le bonheur d'une vie professionnelle en apparence banale peut-être, mais en réalité comblante? Le bonheur humble, simple, de vivre et de respirer librement sans avoir toujours le souci du "qu'en dira-t-on?"... Le bonheur, pour dire bref, qui consiste non tant à "réussir dans la vie" qu'à "réussir sa vie".
Toute la question est là...
Pardon de vous trouver injuste. Bien sûr, pour un chrétien, l'essentiel est de réussir sa vie, c'est-à-dire prendre sa part dans l'édification du Royaume de Dieu. Mais ce n'est nullement antinomique avec réussir dans la vie. Réussir pour un enfant est devenir adulte, dans le monde tel qu'il est, et si possible. Si rien ne marche par malchance ou par sa faute, on peut encore réussir son échec. Réussir son divorce, son licenciement, son cancer. Le réconfort dont vous parlez est inséparable d'une certaine estime de soi. Réussir, c'est ça aussi. Etre debout, sourire, être gentil, et fier.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord, Ephrem! Il y a une noble ambition, certes, et j'aime votre expression "réussir ses échecs".
RépondreSupprimerCe que j'incrimine, c'est l'idéologie dominante de la réussite à tout prix et l'ambition de "s'élever dans la hiérarchie sociale" sans considération des dégâts que pareille "ascension", souvent, provoque autour de soi...