Dîné ce soir, à sa demande, avec Paul Washer, l'un des grands financiers et économistes du Royaume, qui préside Solvac (un ancrage important de Solvay). L'homme, qui a passé les 85 ans, n'a rien perdu de sa vivacité, de son élégance. C'est évidemment un grand capitaliste, rompu aux flux boursiers, au métier des investissements, etc. (tous domaines que j'ignore de façon absolue!) Il est inquiet : le capitalisme se dévoie, dit-il, et nous convenons même d'un mot : se "pervertit". Il parle d'un "casino" dans lequel joue un petit nombre de privilégiés qui s'enrichissent encore et encore, dans le plus grand mépris des classes moyennes et des petites gens, sans avoir voulu rien comprendre à la crise financière qui dure et à l'origine de laquelle se trouve leur manière intéressée de faire jouer l'économie spéculative à leur profit. "On oublie l'économie réelle", me dit-il, l'argent issu de la spéculation boursière est virtuel et n'est pas réinjecté dans le circuit de l'emploi : il faut s'attendre à de terribles effets "boomerang". A l'objection issue de l'actualité ("Mais le groupe Solvay est précisément en train de licencier"), il répond que c'est inévitable pour empêcher une déglingue sans cela bien plus catastrophique, vu l'étroite connexion de ces grands groupes industriels répandus partout dans le monde, et le jeu de la concurrence entre eux.
A sa demande, je lui dis les grandes lignes de ce que l'on appelle quelquefois la "doctrine sociale" de l'Eglise, qui s'appuie sur l'Ecriture et les Pères (saint Basile le Grand, saint Augustin, par exemple) et s'élabore dans sa forme actuelle depuis Léon XIII (1891) avec des textes majeurs de Jean-Paul II en 1979, 1987 et 1991 - sans oublier les documents là-dessus du Concile Vatican II.
"L'Eglise devrait marteler ce message", me dit-il, "on ne le connaît pas".
Venant d'un homme comme lui, et de ce milieu-là... l'encouragement prend tout son sens et révèle toute son urgence!
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