A la suite de la publication du rapport Adriaenssens.
-D'abord, la honte (même si on n'est pas soi-même coupable, c'est comme dans une famille : on a honte parce que des frères se sont comportés de façon perverse).
-Puis, après la honte, quelques réflexions éparses.
.Ce rapport a été demandé par les évêques eux-mêmes, et ce sont eux qui ont insisté pour qu'il soit publié : l'institution, toute coupable ou complice qu'elle soit, a tout de même gardé assez d'énergie pour cette opération-vérité devant tout le monde.
.De se reconnaître atteinte par le péché, et le péché qu'elle dénonce si complaisamment chez ses contemporains, l'institution serait bien inspirée de devenir moins arrogante dans ses prises de parole sur ce sujet précis. Elle qui dénonce si souvent "la société" comme mauvaise, elle se fait reprendre par cette même société, plus morale qu'elle sur ce coup-là.
.Le christianisme est-il une institution? Il est d'abord une parole prophétique, celle du Christ, qui, de son temps, a dénoncé les structures religieuses et s'y est heurté : il en est mort. Que le "christianisme" ait ensuite pris les formes d'une religion n'y change rien : s'il porte en lui le Verbe, la Parole de Dieu qu'est le Christ, il est et restera toujours subversif, capable de dénoncer le mal où qu'il soit et d'abord en son propre sein.
.Il serait utile de voir dans les textes du Nouveau Testament comment Jésus tient un discours subversif par rapport à la famille ("Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi"), à la Loi et au Temple ("Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens... Moi, je vous dis..."; "Détruisez ce Temple, en trois jours je le relèverai...", etc.) et, généralement, aux autres institutions de son époque.
.Non qu'elles soient en elles-mêmes mauvaises, évidemment. Mais elles le deviennent si elles s'absolutisent : ce qui est le cas pour "la religion" quand elle veut se préserver, préserver ses privilèges ou sa réputation en évitant de faire le ménage en elle-même pour rester conforme à son message.
.Pour résumer, les Scolastiques avaient raison qui maniaient souvent cet adage : Corruptio optimi pessima ("La pire corruption - ou perversion - est celle du meilleur"). La pédophilie est un mal partout et en tous les milieux. Quand elle est le fait de prêtres, ordonnés pour évangéliser et nommés, souvent, pour éduquer des enfants, elle devient la pire perversion, parce qu'elle est la perversion, la corruption, de ce qui se présentait comme le meilleur et en lequel des familles avaient mis leur confiance. On n'est jamais à l'abri de ces terribles retournements, et seule la vigilance constante peut nous en garder.
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