Mine de rien, le pape change tout dans l'Eglise, et dans le bon sens.
Mine de rien, bien sûr, car l'Eglise institutionnelle est une grande dame âgée qui ne supporterait pas les remises en question trop brutales, mais qui, au cours des siècles, a toujours consenti aux changements "en douceur", de ces changements en apparence ténus, mais essentiels.
Des exemples?
- dire aux évêques que l'épiscopat ne doit pas se nourrir d'ambition, qu'ils seraient adultères s'ils voulaient comme dans une carrière diplomatique "gravir des échelons" en lorgnant vers un autre évêché que le leur, un plus grand ou un plus confortable, par exemple, qu'ils arrêtent de circuler partout dans le monde (finis, les "évêques d'aéroports", dit-il joliment), qu'ils doivent se consacrer avant tout à leur peuple et à leurs prêtres : tout le monde le sait, bien sûr. Mais c'est dit d'une façon qui, sans changer radicalement et du jour au lendemain le cours des choses, reconduira certains pasteurs à leur premier devoir.
- dire que les femmes doivent occuper des postes significatifs dans l'Eglise, en conformité avec la place éminente qui est la leur : sans bouger en rien à la doctrine actuelle des ministères, c'est ouvrir la porte à des changements qui, j'en suis sûr, vont surprendre. Pourquoi pas, en effet, des femmes responsables de dicastères ou de congrégations (il ne faut pas être prêtre ou évêque pour cela)?
- faire rappeler par le nouveau Secrétaire d'Etat que le célibat des prêtres est une question de discipline, non de doctrine : c'est faire rappeler une chose que tout le monde sait, mais qu'un accord tacite des autorités épiscopales vaticanes ou diocésaines se complaisait à taire.
- dire que les personnes homosexuelles ne doivent absolument pas être jugées, c'est là aussi rappeler un avis du pape Paul VI déjà (dans Persona humana), mais un avis très peu suivi d'effets concrets - au contraire. Le pape actuel entend bien aller jusqu'au bout des conséquences de cet avis : cesser tout soutien à ce qui, d'une façon ou d'une autre, contribue à faire que les personnes homosexuelles se sentent jugées dans la société. Cela n'a l'air de rien. C'est énorme!
Et ainsi de suite.
Je suis de ceux (nombreux) qui attendaient depuis longtemps ces - mettons - infléchissements : ils s'avéreront sous peu être de vrais et durables changements.
En même temps, je prie (comme tous les Catholiques j'espère) pour ce pape, car il va souffrir, comme tous ceux qui essaient de faire bouger les choses. Les rivalités, les jalousies, et finalement toutes les manœuvres du Diable ne sont pas loin pour le faire chanceler, ça, je n'en doute pas. Mais c'est un jésuite... et vis-à-vis des jésuites, même les ruses du Démon doivent, elles aussi, être redoublées...
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