dimanche 15 septembre 2013

Retraite...

J'ai toujours des scrupules à quitter le doyenné... Et pourtant, je viens de passer quelques jours bienfaisants de retraite au Mont-des-Cats (depuis mercredi midi jusqu'à cet après-midi), une retraite complétée  par deux conférences données dans cette même Abbaye à un groupe remarquable de "journalistes et écrivains" français et belges.
Retraite, temps de désert, mais franchement pas de désertion - certes, je sais que des choses importantes ont été vécues ici ce week-end : une rencontre des jeunes "plus treize", la rentrée de certains mouvements de jeunesse, la messe des couples jubilaires.  Mais chaque week-end, il y a quelque chose, et si l'on voulait toujours rester, on ne se  "recueillerait" plus.
Car il s'agit de cela : se recueillir,  c'est-à-dire, au sens étymologique, se rassembler. La vie nous disperse (en tous les cas, me disperse) en des tâches et obligations multiples, quelquefois contradictoires, avec des sphères de préoccupation très éloignées les unes des autres : rencontrer des personnes et leurs soucis, gérer des questions administratives, accueillir des demandes sacramentelles, veiller au patrimoine et aux bâtiments de l'Eglise, coordonner l'activité pastorale et celle des confrères, préparer et célébrer les liturgies, lire et écrire des homélies, des cours et des conférences, etc. J'aime chacune de ces activités en particulier, et même la somme de "travail" (si l'on peut parler ainsi) que représente leur ensemble, mais quelquefois, l'unité de tout cela a besoin d'être refaite par l'intérieur, depuis l'intériorité à laquelle on accepte de consacrer tout le temps disponible d'une journée. C'est-à-dire : ne rien faire d'autre, pendant quelques heures, qu'être là, assis ou agenouillé dans un oratoire, dans un face à face sans paroles, balbutiant, avec l'Autre, qui nous révèle à nous-mêmes ce que nous ignorons de nous-mêmes... Le corps participe à cet exercice, et enfin se détend. Et puis, les moines, ces frères indispensables! Quel bonheur de les revoir, de vivre avec eux!
La session avec les journalistes et écrivains était également porteuse de sens : rencontrer ces gens speedés par l'actualité qui acceptent et assument le silence d'une Abbaye pendant quarante-huit heures, et qui souhaitent s'interroger sur la pertinence de la foi chrétienne dans nos sociétés, c'est tout de même suggestif - il y en avait du Figaro, de La Croix, de France 2, de ces personnes  hyper-au-courant de tout, mais qui précisément à cause de cela pensent indispensable de s'arrêter un peu, de se poser dans le climat d'oraison d'une abbaye. C'est Michel Cool,  mon vieil ami journaliste et écrivain, qui a eu l'initiative de cette session, et je reconnais bien là sa lucidité : nous avons besoin de cela, comme de pain.
Bon, et demain, vive l'aventure quotidienne!

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