D'après les nouvelles officielles, à la veille du 21 juillet dernier, en Belgique, tout allait bien au point de vue économique.
On nous ment.
Le chômage ne baisse pas vraiment (en France, notre voisine et alliée, il vient d'augmenter d'un coup sec au mois de juillet : 41.000 chômeurs en plus, beau cadeau pour le nouveau Président et le nouveau Gouvernement).
La récession continue : en quarante ans, l'Europe du Nord a connu en moyenne 1% de décroissance économique toutes les décennies (passant d'environ 4,6 % de croissance au milieu des années 1960 à environ 0,4 % aujourd'hui quand tout va bien). Cela signifie que la croissance (et donc le confort de vie en augmentation : salaires en hausse, chauffage, maisons confortables avec salles de bain, voitures, vacances, restos, etc.) était un épisode décidément provisoire des "trente glorieuses" (sans doute dû à une récupération de la guerre, avec les boums immobilier, démographique, technique, etc., que cela a permis), et qui est aujourd'hui terminé. Il est probable qu'il faudra faire avec une longue décroissance, et les "signes de reprise" qu'on nous a fièrement exhibés autour de la Fête Nationale n'étaient, en gros, qu'une manière d'endormir le peuple pendant les vacances (le peuple qui, du reste, ne demandait pas mieux, il faisait chaud) : dormez braves gens, tout va bien!
La récession est tout de même bien installée. Nous sommes solidaires de l'Europe, élargie sans doute un peu trop vite pour des motifs de belle générosité, mais qui ne résistent pas à la réalité économique. Les pays du Nord (dont le nôtre) s'en tireront évidemment, non sans mal (plus de chômage, donc, plus de précarité encore, plus de misère au total), mais les pays du Sud (Italie, Espagne, Portugal, et évidemment la Grèce)? Et si se brise cette solidarité "nord-sud" pour des motifs économiques, l'Euro résistera-t-il, cette belle monnaie unique qui nous fait tant plaisir, mais qui n'est jamais, et ne peut jamais être, comme n'importe quelle monnaie, que le reflet de l'économie réelle? Et si l'Euro fout le camp, et si chacun reprend ses billes dans son coin, et si des pays dévaluent leur monnaie, et si, et si et si... voici revenue à court terme une misère qu'on n'ose imaginer, et que les jeunes de vingt ou même trente ans n'ont évidemment jamais connue et à laquelle ils ne pensent pas.
Soirée pessimiste? Non. Nous rentrons. Il faut faire les comptes, comme dans tout bon ménage.
La rentrée ne sera pas facile.
La solidarité, la fraternité, ont encore de beaux jours devant elles. Heureusement pour ce qu'elles permettent d'ouverture de soi. Dommage pour les écorchures que cela fait à ceux et celles qui rêvent d'épanouissement par l'argent.
Des conclusions pastorales?
Oui : priorité dans nos budgets à des projets d'aide et de relèvement, de soutien à toutes les fragilités. Autant que je le peux, dans les asbl ou ailleurs dans le doyenné, je le rappellerai. Nous n'avons pas les moyens d'autre chose que de la solidarité et de la modestie.
Quant à notre formation chrétienne : c'est déjà décidé, les conférences du Carême 2013 porteront sur l'atttide des chrétiens, individuellement ou ensemble, en ces temps de crise économique. Concrètement, comment vivre, pour être mieux en phase avec les situations et des défis imposés par cette décroissance, et en même temps, avec notre foi chrétienne en ce qu'elle a de fondateur : dans le Christ, Dieu s'est fait pauvre, solidaire des pauvres, des laissés pour compte, des gens du bord des routes, et c'est à partir de là que vient notre seul enrichissement possible?
Bonne rentrée!
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