Il y aura demain cinquante ans que Marilyn Monroe est morte, on ne sait toujours trop comment, à trente-six ans...
J'aime beaucoup cette femme, comme j'aime beaucoup tous les provocateurs du monde, non pour le plaisir d'aimer la provocation, mais parce que toujours derrière elle se cache une blessure qui focalise la nôtre, une blessure qui se raconte tandis que nous n'osons rien dire!
A son psychanalyste (qu'elle consultait et voyait beaucoup trop souvent), elle aurait confié : "La seule manière que j'ai eue d'être quelqu'un, ç'aura été d'être quelqu'un d'autre." Quel aveu terrible, qui dit à la fois la motivation de sa carrière d'actrice et sa quête éperdue, dans le don prostitué de son image, de son corps, de sa vie - avec quelle immense conscience du vide de tout cela!
Marilyn résume en elle l'angoisse de nos années d'après-guerre, elle les concentre et les réverbère comme une statue, la nuit, dans un parc, réverbère la lune et sa lumière nostalgique, pâle, brillante seulement pour les amants des ténèbres.
Cette femme a cherché qui elle était vraiment, et n'y est jamais parvenue. Elle voulait, pourtant, je le crois, la vérité sur elle, une vérité mangée par son enfance, par sa mère menteuse, par la vie difficile des Etats-Unis dans les années '20-'30. Personne ne l'a aidée, ni ses amants, ni son médecin, ni sa carrière, ni les drogues, évidemment. On s'est amusé de la "Bimbo", de la "star", président Kennedy (bon catholique, soit dit en passant), son frère Robert (ministre de la justice et intransigeant père de famille nombreuse! Ah! Les Kennedy, quelle clique!) en tête. On a abusé de la femme, et pour finir probablement maquillé son meurtre en suicide. Avant de la faire passer pour rien, pour une blondasse idiote, ce qu'elle n'était certainement pas.
La foi chrétienne devrait pouvoir répondre à tout cela - car elle est aussi une quête d'identité, à la lumière du Christ - au moins autant que la psychanalyse. Elle ne le fait pas toujours, et il est des personnes qui arrivent à s'apprivoiser eux-mêmes en-dehors d'elle, tandis que quelques bons catholiques vivent dans l'alinéation personnelle la plus parfaite, jouant ou sur-jouant leur personnage, imbus d'eux-mêmes, éperdus de vanité.
Parce qu'elle a été fragile et qu'elle l'a su, parce que personne ne l'a aidée, et qu'il n'y a pas eu un seul chrétien pour relever cette femme agenouillée auprès d'elle-même, hurlant une détresse que personne n'entendait,
Seigneur, toi qui l'a toujours aimée comme tu aimes chacun de nous, comme ton enfant,
Seigneur, pardonne à notre humanité,
prends pitié de nous!
Et vous, Marilyn, d'où vous êtes, enfin dans la paix, je l'espère,
aidez les plus fragiles d'entre nous,
aidez ceux qui comme les papillons de nuit viennent brûler leurs ailes
à nos lumières artificielles,
parce qu'ils n'en trouvent pas d'autre!
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