Il est très difficile de parler sans excès de la Sainte Vierge, que l'excès soit du reste d'un côté ou de l'autre.
Ainsi donc,
- à ma gauche : les hypercritiques textuels et raisonneurs de tous temps, pour lesquels Marie n'était certainement pas vierge, sinon dans un sens supposé "spirituel" sans aucun lien avec la réalité matérielle, pour lesquels aussi le culte marial n'est qu'une resucée de cultes d'idoles féminines présents dans toutes les religions ou à peu près, etc., etc.
- à ma droite : les mariolâtres qui n'en ont jamais assez des litanies et des invocations, les partisans des "trois blancheurs" pour caractériser le catholicisme (la Vierge, le pape, l'eucharistie) et juger (et condamner, évidemment) à cette aune toute initiative qui se veut chrétienne, etc., etc.
Bref, dans les deux cas, vous voyez le genre.
Je crois que le rapport de chaque baptisé à la Vierge Marie est pour chacun en son lieu le plus secret, le plus intime, qui est aussi le point le plus fort de son attachement au Christ. Que dès lors il est sans trop d'ostentation, sans en rajouter, dans la ferveur simple et sincère, dans le lien pudique d'un enfant à sa mère. Je suis sensible au fait que les Ecritures restent volontairement discrètes à propos de la Mère de Jésus, discrètes et pourtant explicites sur son rôle (voir ce qu'en dit Marc, et spécialement à propos de l'effroi rapporté de Marie devant la première prédication de son Fils : "Sa mère et ses frères arrivent et le font appeler, tout en restant eux-mêmes bien à l'extérieur. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit : ta mère et tes frères sont dehors, ils sont venus te rechercher...." Plus haut, l'évangéliste avait noté : "Les siens se disaient : il est complètement fou!", Mc 3, 31-32. 21) et sur sa présence. L'évangile de Jean, qui ne l'appelle que "la Mère de Jésus" et la cite seulement à deux reprises (à Cana, aux pieds de la croix) fait d'elle celle qui a invité son Fils a accomplir sa destinée, à offrir à tous le salut, à être la Mère non seulement de Jésus, mais de ce salut, et de l'incarnation continuée en chaque baptisé. Présence discrète mais essentielle, donc, comme en chacun de nous.
En ces jours d'Assomption, je pense à ma mère, puisque je pense à "la" Mère. Et de ma maman, je retiens cette confidence sur sa foi (elle qui en était terriblement avare et parlait très peu de sa vie spirituelle). Ma mère avait connu la guerre, la privation de son mari (prisonnier pendant cinq ans en Allemagne), de gros ennuis de santé, et une vie où les dangers et les effrois avaient été bien présents. Elle était résolument optimiste, et l'est restée jusqu'à son dernier jour terrestre. Or, quand on lui demandait d'où venait cet optimisme, elle résumait ainsi sa vie de foi : "J'ai toujours fait confiance à la sainte Vierge."
En ces jours d'Assomption, je n'ai pas d'autre souhait pour moi-même et pour ceux qui me lisent... Que nous puissions, simplement, faire confiance à la sainte Vierge.
Bonne fête!
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