samedi 14 mai 2011

Celui qui entre par la porte

Il est en effet convenable d'entrer par la porte, et non pas d'escalader, lorsqu'on est invité chez quelqu'un, par un autre endroit (cf. Jn 10, 1). Ce que l'évangile de Jean nous rappelle, ce dimanche, n'est pas seulement une question de savoir-vivre. C'est le rôle même du Pasteur.
Il n'y a qu'un Pasteur : Celui qui entre par la porte. Par la grande porte de la Résurrection, le Christ. Il est à la fois le passeur et le pasteur, celui qui fait avec lui passer à sa suite dans le Royaume : c'est l'une des titulatures bibliques du Dieu d'Israël, le "berger du peuple", que le Christ ici s'attribue : "Celui qui entre par la porte, c'est lui le pasteur, le berger des brebis." Il y a là toute la délicatesse du vrai berger, qui nourrit, soigne, fortifie le troupeau, et ne s'en sert pas pour s'en enrichir - ou à des fins encore moins avouables (on a vu ce que cela peut donner, y compris chez nous!)
L'Eglise, sans pasteur, n'existe pas. Elle serait un agglomérat désordonné, une nébuleuse d'asbl courant en tous sens, avec des buts sans doute louables - elle ne serait pas "le Peuple de Dieu", l'Israêl d'aujourd'hui, conduit par Dieu lui-même dans des terres fertiles et fécondes.
Le Christ est le Pasteur, le Berger. Le seul.
Comme toujours, dans l'Eglise, certains sont "signes", "sacrements". De leur pauvreté même, ils disent quelque chose : les époux, de la fragilité de leur union, disent la grandeur de l'Alliance irrévocable.
Les évêques, les prêtres, les diacres, de la misère même de leur quotidien, disent la présence du Pasteur au devant de son Peuple, pour le guider. En sont-ils dignes? Oh, pas toujours, et pas souvent! En sont-ils moins "signes"? Ils rappellent, en tous les cas, que l'Eglise ne survivra pas comme Peuple de Dieu sans se laisser guider par le Christ, et par lui seul, le Ressuscité, vers le Royaume qu'il a prêché dans son pèlerinage terrestre, incarné en Jésus de Nazareth : un Royaume de justice, d'égalité, de fraternité, où la lettre de la Loi ne l'emporte pas sur le coeur.
Autrefois, l'évêque, le prêtre, étaient tout, faisaient tout, étaient trop, faisaient trop : le troupeau n'avait rien à dire. Aujourd'hui, quelquefois, le troupeau dit tout, fait tout, et l'évêque, le prêtre, sont des distributeurs automatiques de sacrements et de bénédictions - sans que l'on garde le sens de leur mission : aller vers le Père, suivre le Christ unique Pasteur, marcher ensemble.
Difficile d'être entre les deux.
Indispensable.
Sinon, gare aux voleurs, "qui ne viennent que pour voler, égorger et détruire", tandis que le vrai Pasteur est là seulement "pour que les hommes aient la vie, en abondance." (cf. Jn 10, 10)

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