Au soir de cette solennité du Saint Sacrement, je relis quelques textes du grand Patrice de la Tour du Pin dans sa Somme de Poésie.
En voici un, pour rendre grâce encore face à la richesse du mystère célébré :
Comme un marin s'écrie : la terre!
voici la terre! - moi, je clame :
enfin voici l'homme, les hommes!
Jadis je butais dans leurs vignes,
je bronchais sur leurs éminences
et contre leurs ombres portées.
Mais je n'ai pas gagné le large :
au contraire, je suis rentré
très loin dans l'homme que j'étais.
Le Seigneur a brûlé mes vignes,
miné de partout mes hauteurs :
il a pris mon ombre en pitié.
Il m'a refait une campagne,
il m'a recouvert de plantiers,
il m'a reformé des collines!
Maintenant il me rend aux hommes,
à travers eux j'entends la Fête
des Tabernacles s'avancer.
La vigne est en fleurs, notre vigne!
toute clôture est inutile :
le Seigneur viendra vendanger...
P. de la Tour du Pin, Une somme de poésie. II. Le jeu de l'homme devant les autres, texte définitif revu et corrigé par l'auteur, Gallimard, 1982, p. 176.
Je vous sais gré de nous remettre en mémoire ce poète singulier, cet orphelin de père dès l'enfance, qui ne s'est pas mesuré à Dieu mais a reçu du Père éternel la mesure dont il s'est servi pour vivre, pour écrire, pour servir.
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