Bouleversé encore par l'évangile lu et médité en Eglise dimanche dernier (Lc 7, 36 - 8, 3), cet épisode où l'on voit la "pécheresse" publique venir - et chez un pharisien - baigner de ses larmes les pieds de Jésus, j'ajoute ici ce que je n'ai pas osé dire dans l'homélie. Cette femme montre à Jésus son amour par tous les signes extérieurs de son "métier" de prostituée : elle embrasse, elle baigne de ses larmes, elle essuie avec ses cheveux (l'érotisme des cheveux longs dans l'Antiquité, quelle littérature là-autour...), elle répand du parfum. Un vrai salon de massage pour clients avertis : les propositions n'ont pas beaucoup changé, de ce côté-là, depuis vingt siècles. (Comment le savez-vous, diront les esprits mal intentionnés : si ça peut les rassurer, on me raconte, c'est tout. Et, les esprit mal intentionnés, je m'en balance). Ce qui est bouleversant, c'est que Jésus reçoit ces signes ambigus de l'amour en les interprétant pour ce qu'ils sont en leur genèse : une demande authentique non pas tant d'affection que de conversion. Cette femme pourrait-elle manifester son désir réel autrement que par ce qu'elle a coutume de donner, en pauvre substitut, à ses amants? Jésus ne s'offusque pas, là où les pharisiens (et un pharisien, au moins, toujours sommeille en nous) voient du scandale. Il accueille l'être humain dans sa détresse, dans son péché, tel qu'il est, et le relève.
Pourquoi, bon sang, pourquoi sommes-nous si étriqués, et tellement peu "christiques", tellement peu évangéliques?
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