"Quant à Judas, ayant pris la bouchée, il sortit immédiatement : il faisait nuit." (Jn 13, 30) Cette notation de l'évangile de Jean, qui rapporte la trahison de Judas lors du dernier repas, n'est pas simplement chronologique. Elle est d'abord spirituelle : la nuit a recouvert le coeur de Judas comme celui du monde, la "puissance des ténèbres", comme dit ailleurs Jésus, est à l'oeuvre. En nous inclinant, en nous prosternant devant la Croix lors de l'Office de la Passion, sans rien dire nous confessons nos nuits, celles qui nous surviennent et auxquelles nous ne pouvons rien, ou celles dont nous sommes franchement complices. Nos incompréhensions, nos trahisons, nos haines et nos souffrances, nos rancoeurs et nos replis, nos doutes et nos incapacités, tout ce qui nous submerge et qui nous fait nous heurter à nos limites comme on marche à tâtons dans l'obscurité. En nous prosternant devant la Croix, nous y reconnaissons nos nuits, que le Christ aujourd'hui accueille en sa chair martyrisée.
Lui seul y percera des rais de lumière.
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