Le Grand Samedi est le jour où la Tradition de l'Eglise célèbre la mort du Christ, non seulement sa mort comme un fait historique, mais la réalité de sa mort. Il a, pour reprendre l'antique expression, "fréquenté le séjour des morts", ou, pour reprendre la formule du Symbole, "il est descendu aux enfers". "Les enfers" (au pluriel, non au singulier), c'est dans l'antiquité le lieu supposé des défunts. L'Eglise annonce par là la réalité de la mort de Jésus : il n'a pas fait semblant de mourir, la mort est véritablement entrée en lui et, par son humanité, en Dieu. Le Dieu immortel a expérimenté la mortalité de sa créature humaine.
"En le voyant, Adam se frappa la poitrine et s'écria : Mon Seigneur avec nous tous!" Une ancienne homélie du IVème siècle, attribuée sans certitude à Epiphane de Salamine, raconte ainsi le Saint Samedi : le Christ, ayant brisé les verrous du séjour des morts, entre, victorieux et illuminateur, avec entre les mains la Croix, arme de sa victoire sur la mort. De sa dextre il empoigne Adam et toute l'humanité ensevelie avec lui dans la poussière des siècles, et les emmène en son cortège pascal et triomphant. Il leur chante, il leur clame, à tous - et à nous : "Relève-toi, ô toi qui dors, réveille-toi d'entre les morts. Le Christ t'illuminera!"
La mort nous guette tous. Elle rôde en nous, autour de nous, dans nos santés, dans nos familles, dans nos deuils, dans notre monde. Elle nous accable, elle nous emprisonne, elle nous emmure. La mort physique et, plus encore, la mort spirituelle - le péché - nous rendent semblables à Adam, nous ensevelissent avec lui dans la poussière et la tristesse.
Aujourd'hui, dans le mystérieux silence du Grand Samedi, le Christ nous rejoint là, précisément là, où nous pensions que jamais plus ne nous atteindrait la lumière de la Vie.
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