Les lectures de ce quatrième dimanche de Pâques, dans la liturgie, nous disent une chose paradoxale et centrale pour notre foi. Le Christ y est décrit à la fois comme l'agneau (dans le Livre de l'Apocalypse, au chap. septième, le visionnaire décrit la foule immense "debout devant le Trône et devant l'Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main"), et, dans l'évangile de Jean, au chap. dixième, comme "le bon pasteur, le vrai berger". Je songe au chant d'une antienne qui fait écho à cela : "Il est l'agneau et le pasteur, il est le roi, le serviteur". Je l'écrivais : nous voici au coeur du christianisme, c'est-à-dire au coeur de la présentation chrétienne de la "religion" ou du "sacré". Le Christ est pasteur parce qu'il est d'abord l'agneau immolé, victime offerte : son pouvoir pastoral s'origine dans le don de sa vie, dans son amour épandu. Il est, poursuit le chant de l'antienne, "roi et serviteur". Il n'exerce sa royauté que dans une mise au service radical de tous les hommes de tous les temps. Nous voilà loin des images coutumières du pouvoir lorgné par ambition, pour "s'accomplir", pour gravir les échelons sociaux. Et comme est grande la conversion de l'Eglise à ce seul pastorat, à cette seule royauté.
Peut-être bien que le scandale qui frappe l'Eglise belge aujourd'hui (et dont le seul point positif est qu'on a enfin le courage de parler publiquement) n'aurait pas cours si l'on connaissait mieux ce pouvoir pastoral dont la seule justification, je dis bien la seule, est le don de soi jusqu'à être écarté, "immolé", devenu agneau.
On dit souvent que, dans notre Eglise, les pasteurs font défaut. Peut-être (manque de vocations, et manque de dignité morale chez certains, en effet). Il me semble, ce soir que, dans notre Eglise, ce sont d'abord les agneaux qui manquent...
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