On peut, dans la société et dans l'Eglise, repérer toutes sortes de fractures : entre les "croyants" et les "incroyants", entre les "intellectuels" et les "manuels", entre les "actifs" et les "chômeurs", pour tout présenter, et volontairement, pêle-mêle et sans souci de hiérarchie entre ces classifications. Il en est une qui devrait, me semble-t-il, retenir plus que les autres notre attention, parce qu'elle les traverse toutes : c'est celle qui court entre les arrogants et les modestes. Je veux dire ceci : on peut être un intellectuel croyant (chrétien), actif dans l'institution (par exemple, prêtre ou évêque, professeur, catéchiste, etc.) et... parfaitement imbuvable du seul fait de son arrogance, de sa prétention à détenir mieux que les autres la vérité, de son goût à mépriser ceux ou celles qui sont posés autrement, ailleurs, qui partagent d'autres convictions. Que l'on m'entende bien : je ne défends ici aucunement le relativisme, qui consiste à penser et à dire que tout le monde a également raison, que la vérité de l'un vaut la vérité de l'autre ou que - formule trop souvent entendue - "toutes les vérités se valent" (ce qui, au passage, revient à dire qu'aucune n'a de valeur!) Il est souhaitable que chacun ait des convictions et les défende. Mais, et en particulier si l'on est chrétien, il convient de le faire avec douceur, humilité, modestie, parce que ce sont des attitudes qui font précisément partie du message évangélique. Ce qui authentifie l'enseignement du Christ, c'est son dépouillement, sa "kénose", son abaissement, qui, loin d'affaiblir la force de sa révélation, en attestent l'authenticité théologique.
Comment pourrait-on être arrogant et prétentieux en proposant la foi au Dieu de Jésus-Christ, sauf à trahir par son attitude le contenu même de ce que l'on souhaite annoncer?
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