jeudi 10 décembre 2015

Une personne exceptionnelle...

Il m'arrive souvent de présider des funérailles dans les paroisses dont je suis directement le curé, et c'est une tâche que je trouve importante, dont j'essaie de m'acquitter avec le plus grand soin. C'est en effet l'occasion pour le prêtre que je suis d'entendre des histoires de vie, des histoires de famille, d'entrer - dans ces moments de grande fragilité que sont les moments du deuil - dans l'intimité, dans le cœur des personnes. Ces écoutes constituent pour moi un trésor, une source qui alimente ma prière, le moteur d'un accompagnement toujours recommencé.
Souvent, presque toujours, on dit là du bien de la défunte ou du défunt. C'est normal, et du reste cela signifie que la "nature" humaine, si elle existe comme "nature" (vaste débat!) n'est pas si mauvaise : une fois que quelqu'un est mort, on va quand même d'abord chercher ce qu'il a fait de bien et tous les côtés positifs de sa vie occultent vite ses parts plus maudites.
Mais il est très rare que, à l'annonce d'un décès, une paroisse entière fasse remonter des jugements positifs, élogieux et surtout reconnaissants.
Or, lorsqu'on a appris le décès de Monique, dont j'ai présidé les funérailles ce matin à Graty, ce fut le cas : cette femme de quatre-vingt-cinq ans, enseignante de latin et de religion  durant toute sa carrière professionnelle  au Collège d'Enghien, a réveillé chez tout le monde, anciens collègues, anciens élèves, et plus largement encore, une mémoire où l'éloge dominait. Enthousiasme et bonté foncière, confiance faite aux jeunes dans leurs capacités d'apprentissage et de progrès, intelligence aussi, mais qui n'aurait rien été sans ce sourire porté sur la vie, y compris sur ses difficultés, attachement à la foi chrétienne, amitié secrète avec la "petite Thérèse", dévouement jamais compté aux siens -  tous les témoignages sont là, qui décrivent ce qu'est une vie chrétienne : une vie réussie, parce que donnée.
Les funérailles ont été à l'image de cette femme : simples, familiales, pleurantes et chantantes, joyeuses aussi à travers les larmes normales, les larmes nécessaires.
Samedi matin, je présiderai les obsèques de Jean : autre belle figure d'Enghien, attachante, fidèle, aimante, autre histoire chrétienne incarnée en quelqu'un. Quel trésor, ces personnes exceptionnelles, pas des stars, non, des gens tous simples. Mais leur enthousiasme et leur fidélité au Christ les a rendus étincelants, ainsi que  sont les étoiles pour éclairer nos routes. Comme nous en avons besoin, et comme des funérailles peuvent être cette sorte d' "instantané" où se révèle la richesse de notre foi dans l'histoire d'un chrétien de chez nous!

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