dimanche 13 décembre 2015

"Le peuple était en attente..."

On a l'impression que Luc, l'évangéliste, parle de nous, dans le passage proclamé ce matin : "Or, le peuple était en attente...", dit-il. C'est ce que nous voyons autour de nous : l'attente. L'attente d'une vie meilleure, mieux estimée, mieux valorisée. L'attente d'une vie pacifiée, débarrassée des causes et effets du terrorisme. L'attente d'une vie bienheureuse, harmonieuse, épanouie... Tout le monde se plaint, chez nous, alors que les conditions objectives d'existence sont parmi les meilleures du monde (accès à l'eau potable, aux soins de santé, à la nourriture, à l'éducation, et ainsi de suite : faites les comparaisons avec tant d'autres pays de la planète.) Que manque-t-il donc, sinon le goût du bonheur?
Jean-Baptiste lui aussi vivait dans un moment de semblable attente : Celui qui devait venir allait tout réformer, tout changer, tout restaurer. Cétait le Messie de l'espérance juive...
Nous croyons qu'il est venu, et cependant l'attente subsiste. Il a en effet tout réformé, tout changé, tout restauré : rien n'est plus pareil dans les relations humaines, depuis la venue, la vie, la prédication, la mort et la résurrection de Jésus, que nous confessons comme le Messie espéré. Les promesses sont accomplies. Mais elles le sont "à la manière de Dieu" : à chacun de le reconnaître non d'abord dans l'évidence des révolutions sociales, mais dans le secret de son regard intérieur. Si tu veux la joie, cultive-la! Le Christ est là, présent, secret, se révélant à qui veut le chercher, et te la donne, cette joie. Mais ne la cherche pas d'abord en dehors de toi, en attendant que tout change à l'extérieur. Change ton cœur, et tu changeras le monde, ton monde : laisse-toi, pour reprendre encore les paroles du Baptiste, "baptiser par lui dans l'Esprit et le feu", laisse-lui faire le tri en toi, passer ton cœur au crible de la pelle à vanner, nettoyer ton aire à battre le blé. Apprends de lui le discernement, et tu deviendras enfin "bienveillant", voulant le bien de tous et capable de le réaliser : "Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche", écrit pour sa part Paul aux Philippiens.
En France aussi, ce soir, le peuple était en attente. Il a donné et reçu des signes, des signaux : signes qu'il veut être mieux traité, mieux respecté, mieux accompagné par ceux qui en ont la mission. Signaux, peut-être, que ces derniers ont compris quelque chose à leur espérance, voire à leur détresse ou à leur peur. Oh, rien n'est joué : c'est l'avenir qui dira si les leçons d'un scrutin sont enregistrées. Et, comme je le disais dans un précédent post, nous, en Europe, nous avons raison, depuis quelques siècles, de garder les yeux fixés sur la France : dans les tangages de l'histoire, elle reste une Nation, une grande Nation, qui en principe rappelle à tous un certain cap, de "liberté, égalité, fraternité". Un  barrage a été dressé contre ce qu'il y avait de pire comme solution - mais il ne suffira pas. Il convient maintenant de résoudre les problèmes, qui sont nombreux et douloureux pour beaucoup de personnes, en France comme ailleurs, comme chez nous.
Le peuple reste en attente...

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