mercredi 21 janvier 2015

Nos frères les moines

Retour, ce soir, de l'Abbaye du Mont-des-Cats où j'ai passé en compagnie de la Communauté une bonne semaine de retraite. Je les connais depuis trente-cinq ans, et j'admire leur fidélité à l'idéal cistercien de simplicité, de prière partagée, d'accueil. Bien sûr, ils vieillissent, les vocations, comme on dit, sont peu nombreuses, et ils se posent des questions sur leur avenir. Nous avons parlé ensemble de ce sujet, comme de tant d'autres, et je leur disais que nous avons évidemment les mêmes interrogations dans le clergé séculier. Mais cela ne doit pas nous empêcher de vivre ce que nous avons à vivre : ce qui compte, ce n'est pas le nombre, c'est d'être authentiquement ce que l'on est  dans l'Eglise et pour le monde. Peu importe que les prêtres soient nombreux dans un diocèse : pourvu qu'ils soient authentiquement prêtres, signes sacramentels de l'appel que Dieu adresse à tous et de l'amour qu'il offre à chacun, dans le Christ. Pareil pour les moines : ils sont signes de l'unique essentiel, de ce qui demeure et demeurera à travers les vicissitudes de l'ici-bas. Je les ai trouvés confiants, ces frères amis, et remplis d'optimisme, non pas malgré mais à cause de cette fragilité en laquelle ils reconnaissent une conformité plus grande à l'Evangile.
Un frère me disait : "J'ai toujours été séduit par les orchestres symphoniques. Chaque musicien a sa partition, et pour certains d'entre eux, c'est très modeste - quelques notes. Mais encore faut-il qu'elles soient jouées au bon moment, sur le bon tempo. Nous jouons dans l'histoire de l'Eglise et du monde une partition petite, mais nécessaire, et il ne faut pas la louper!" Un autre : "As-tu remarqué la générosité des GPS? Quand on ne suit pas l'itinéraire qu'ils ont indiqué, quand on prend des chemins de traverse, ils nous reprennent là où l'on est, recommencent le calcul, et nous ré-invitent à suivre la route la meilleure, et cela autant de fois que nécessaire. Dieu fait pareil avec nous..."
De tout mon cœur, je rends grâce pour leur présence, pour leur silence, pour leur parole rare et précieuse, qui quelquefois monte de ce silence,  pour ce qu'ils sont - des hommes solidement plantés dans l'ici-bas et qui portent sur le monde et sur chaque être humain  un regard infiniment bienveillant.
On demande un remède pour guérir notre société de sa barbarie quotidienne?
Je recommande la cure monastique!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire