samedi 10 janvier 2015

Europe : présence d'une jeunesse malade...

En voyant hier les scènes horribles qui ont conduit à l'élimination physique des trois terroristes, je me disais que ces jeunes gens étaient des Français, nés en France, ayant grandi en France, y ayant poursuivi leur scolarité. Et qu'il en va de même pour les centaines d'autres qui, comme eux, sont tentés par le Djihad et le terrorisme, en France, chez nous ou encore dans bien d'autres pays européens. Il y a en Europe une jeunesse malade, qui se sent exclue et qui tombe dans les bras des premiers idéologues venus pour donner à sa vie un semblant de sens.
Qu'avons-nous fait?
Comment en est-on arrivé là?
Je dis bien que cette jeunesse est la nôtre : qu'on arrête de la stigmatiser comme "étrangère" - quand on est né dans un pays, quand ses propres parents y sont nés, on est de ce pays! La France, les autres pays d'Europe sont les pays de cette jeunesse déboussolée.
Je suis heureux d'avoir lu dans La Libre Belgique de ce matin l'interview qu'y donne Anne Giudicelli (p.10), présentée par le Journal comme "consultante spécialisée dans l'étude des risques politico-sécuritaires." Ce qu'elle exprime rejoint très exactement les préoccupations qui me troublent parce qu'elles me semblent au cœur du drame qui s'est joué en France (et qui peut-être recommencera dans les jours ou les semaines à venir). Voici ce qu'elle écrit : "Le problème principal est qu'on n'a toujours pas compris qu'il faut revoir la stratégie de lutte contre ce type d'action. A ce jour, il n'y a pas d'approche globale mais seulement des initiatives corporatistes ou sectorielles. L'essentiel de ce qui est fait consiste en répression. On attrape, on juge, on emprisonne et on remet peut-être en liberté un peu trop tôt sans rien régler du fond du problème car on est en situation de surpopulation carcérale. (...) Il faut ajouter un aspect préventif. Ce sont nos enfants, les produits de nos sociétés, dont on parle et qui posent ces actes. Donc il faut aller toucher ce qui est à l'origine de ce qui fabrique ce genre d'individus. Ce n'est pas un problème de religion ni de délinquance, mais bien d'exclusion.  (...) On ne veut pas voir que notre société exclut. Aujourd'hui encore, les images de cohésion autour de "Nous sommes tous Charlie" ont pour principal objectif de nous rassurer. Mais elles ne correspondent pas à la vérité de notre société qui est fracturée et donc, génère des exclusions tant sociales que culturelles. Ce qui est en cause, c'est le modèle français très rigide de laïcité et l'hypocrisie quant à la gestion de la diversité. Il faut enfin accepter de voir les choses en face puis chercher à se rassembler autour des valeurs communes. Malheureusement, vu le temps qu'on a perdu, cela risque d'être fort difficile. (...) Les terroristes pensent qu'on ne veut pas d'eux chez nous et qu'ils sont mieux avec d'autres, au point qu'ils deviennent capables de nous attaquer comme des ennemis qu'ils ne connaissent pas. C'est cela qui doit changer. (...) Car on n'assume pas, au niveau politique, que c'est bien là que se situe le problème. On dit : "Ce sont des fous", mais non : le problème est beaucoup plus profond. Les gens qui travaillent sur le sujet tous les jours ont de très bonnes analyses. Le problème, c'est quand celles-ci remontent au niveau politique où on reste coincé dans des jeux de pouvoir. (...) Et puis (...) quand douze personnes sont tuées chez nous, cela devient un cataclysme, alors que tous les jours des milliers d'Irakiens et de Syriens perdent la vie et on ne réagit pas. Ce qui alimente un sentiment d'injustice face à ce déséquilibre visible. Ce décalage est capital à corriger car la vie d'un Occidental ne pèse évidemment pas plus que celle d'un autre." (La Libre Belgique, samedi 10 et dimanche 11 janvier 2015, p.10)
A méditer, vraiment...

2 commentaires:

  1. Dans une société amorale, la jeunesse ne peut être que malade.
    Que leur proposons nous comme ligne de conduite? Où sont nos valeurs politiques, religieuses, civiques, patriotiques? Sans balises, c'est la dérive assurée!
    Analysons notre société avant de fustiger les attaquants et restructurons nous, si ce n'est pas trop tard..

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  2. Ce que la France vient de nous montrer constitue, espérons-le, la première étape, et l'étape essentielle, de ce que vous appelez de vos vœux : une société accueillante à tous, ouverte à la différence, fraternelle, tolérante à la diversité des cultes et des opinions, etc. Aujourd'hui, on a vu se produire à Paris la prise en compte et la revendication effective par le Peuple de son multiculturalisme (et de son multicultualisme), à partir duquel il faut penser et prescrire la morale. Il revient aux politiques, aux enseignants, aux clergés, aux parents, aux familles, aux associations de toutes sortes, de mettre demain cela en œuvre...

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