Elle n'avait pas encore 67 ans. Depuis environ six ans - avant que je n'arrive ici - elle était malade d'un cancer qu'elle savait inguérissable. Dès nos premières rencontres, elle me l'a dit, avec cette franchise, cette lucidité qui ont toujours forcé mon admiration pour cette femme, ancienne enseignante. Elle a lutté pied à pied - pour voir le plus longtemps possible son mari, ses enfants, ses petits-enfants; elle a pour cela accepté des traitements douloureux, répétés, et des rémissions de plus en plus brèves. J'ai rarement vu un pareil courage - et elle disait, souriante : "La mort ne me fait pas peur. Je suis prête."
Je garderai des rencontres avec Liliane et avec Pierre, son mari, un souvenir ébloui, de moments graves, certes, mais lumineux : l'onction des malades, par exemple, il y a plusieurs mois déjà, vécue chez eux dans une grande simplicité mais d'une façon tellement intense. Et les moments de prière - y compris le dernier jour, quelques heures avant sa mort, quand elle m'a encore souri autant que le pouvait sa faiblesse. Et les moments de "parlote" : de tout! Des enfants, des petits-enfants, de la vie paroissiale, de la vie de Graty et d'Enghien, de ses souvenirs d'enseignante, de ses lectures. Quelle merveille, quel trésor de vie!
Evidemment, j'imagine le deuil de Pierre, des enfants et des petits-enfants, je sais par cœur (par le cœur) l'arrachement que c'est.
En même temps, célébrer les funérailles d'une telle force dans l'octave de Pâques, c'est quand même d'abord une confirmation de notre foi en la résurrection.
Mourir... nous mourrons tous! Mais traverser ainsi la vie douloureuse, dans la foi (et, aux mauvais jours, on peut l'imaginer, dans l'angoisse), avec sérénité, avec patience, préparer ses funérailles comme elle l'a fait, choisissant les lectures (l'épisode lucanien du Pharisien et du Publicain), vraiment quel témoignage!
Tous nos morts sont présents à nos vies. C'est pour moi une évidence.
Mais elle, elle nous en a prévenus!
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