Pourquoi aimons-nous tant, et partout et de tant de façons, la fête de Noël? Très certainement pour son aspect retrouvailles et fête de famille. Très certainement aussi parce qu'elle est une célébration de la lumière : les Anciens ne s'y trompèrent pas, qui placèrent au solstice d'hiver cette solennité pour dire la naissance (dont la date est incertaine) de Jésus. N'avons-nous pas un monceau d'ombres en nous, et autour de nous, dans le monde?
Mais tout cela ne serait pas suffisant, si nous ne célébrions pas à Noël le vrai Visage de Dieu. Lui, que spontanément nous nous représentons comme un Juge implacable ou un Père-la-pudeur, ou un solennel "Vieillard à barbe blanche", ou je ne sais quoi dans le genre, voilà qu'il se donne à connaître dans la fragilité d'un "enfant emmailloté, couché dans une mangeoire", pour reprendre les termes de l'Evangile. Un bébé qui, comme tous les bébés, se confie à nos mains humaines, à nos soins, pour être par nous nourri, éduqué, élevé, et... aimé. Un bébé auquel on apprendra à marcher, à parler (lui, "le Verbe qui était avant toute choses", dit encore l'Evangile, cette fois dans le Prologue de Jean, lui, la Parole créatrice, réduite au babil du petit enfant, aux essais et erreurs du langage articulé et de la communication...) Il me semble bien que c'est cette faiblesse consentie de Dieu, cette fragilité voulue et assumée, qui suscite notre émoi, notre admiration, notre stupéfaction même - comme lorsqu'on pose d'étonnement la main sur la bouche : oh! Et que c'est de là aussi que viennent nos vœux de paix, car devant l'enfant démuni, les armes se taisent ou du moins on les abaisse, autour d'un berceau on se parle ou on se reparle et de nouveaux liens se retissent.
Cette année, espérons-le, et fêtons dans cette admiration stupéfaite la nativité, qui n'est pas seulement l'anniversaire du petit Jésus, mais la célébration de la "naissance de Dieu en nous" (comme dit Maître Eckhart), la naissance en nous de la Vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire