Appris ce matin le suicide de Michaël, l'un de mes (nombreux) petits-cousins. A 32 ans, à la suite d'une querelle avec sa compagne, semble-t-il et certainement sur un coup de tête, il s'est pendu dans la boucherie qu'il tenait avec fierté à Virelles. Je connaissais bien Michaël et l'aimais comme un petit frère (souvent insolent) depuis qu'il avait perdu sa maman, il y a une douzaine d'années, et puis, aussi très brusquement, sa sœur aînée. Et j'avais, il y a quelques années, baptisé dans la joie sa petite fille, Marie.
Les suicides de nos proches nous plongent dans des abîmes de tristesse et aussi de perplexité : qu'avons-nous raté? qu'aurions-nous dû dire? pourquoi n'avoir pas été plus présents? Et tout le reste de la culpabilité qui, quoi qu'on fasse, accable toujours "ceux qui restent", une culpabilité probablement inévitable, mais inutile.
Dans le calme de la nuit, je réfléchis à la page d'évangile qu'il faudrait lire et méditer vendredi prochain, jour de ses funérailles à Sivry, village-berceau de ma famille. Pourquoi pas saint Luc, ch.2, 41-52, cet épisode quelquefois lu pour la célébration de la "Sainte Famille", et qui raconte l'escapade de Jésus au Temple, sa "perte", le reproche de ses parents lorsqu'ils le retrouvent, leur angoisse aussi ("Vois, ton père et moi, tout angoissés, nous te cherchions", dira Marie à son Fils), leur question ("Pourquoi nous as-tu fait cela?"), la réponse pleine d'arrogance du gamin de douze ans ("Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père?"), l'incompréhension accrue encore des parents après cette réponse ("Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait"), et le retour au cœur de sa mère (qui "gardait dans son cœur tous ces événements"). De quoi peut-être relire une tragédie comme celle qui vient de se passer, et dénoncer, encore et encore, les difficultés de la communication (que les réseaux sociaux n'arrangent pas toujours), et dire la nécessité d'une reprise de parole qui jaillisse du cœur pour se garder en vie, pour se garder dans la Vie...
Ce qu'une mort pareillement brutale casse et détruit, elle peut bien aussi donner l'envie et l'urgence à ceux qui l'entourent - comme ils peuvent - de le reconstruire peu à peu. Il faut que nous relancions des paroles d'espérance - le Verbe qui naît entre nous, sinon, y naîtrait pour rien.
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