Le Nouvel Observateur n'est pas un organe de presse spontanément catholique et encore moins papolâtre... C'est pourquoi il me plaît d'y relever, dans l'éditorial que l'excellent Laurent Joffrin rédige en exergue du numéro de cette semaine (n° du 19 décembre 2013 au 1er janvier 2014, p.7), sous le titre "Le rouge et le blanc", les propos suivants : "L'homme de gauche de l'année s'appelle François. On eût aimé, bien sûr, que ce fût François Hollande. Mais les difficultés du gouvernement sont telles en cette année de réformes malaisées et de lent redressement des comptes qu'on réservera cette distinction à des temps meilleurs, qu'on espère proches. Non, l'homme de gauche de l'année est un personnage inattendu, surgi d'un coup sur le devant de la scène et dont les rapports avec le courant socialiste sont sinon inexistants du moins ténus : c'est le pape François.
"Ceux qui en doutent liront avec profit l'exhortation apostolique publiée par le Vatican le 26 novembre dernier. Tous les commentateurs l'ont souligné : on a rarement écrit un réquisitoire aussi violent, aussi argumenté, aussi implacable contre les excès du capitalisme contemporain. (...) On voit à Rome un homme en blanc. On entend les propos d'un rouge.
"Beaucoup à droite se sont très logiquement étranglés à la lecture de cette condamnation de leurs propres thèses. (...) Certains ont dénié au pape toute compétence économique en rappelant que les spécialistes de la discipline faisaient l'éloge de la finance dérégulée et des mécanismes du marché. Ce qui est, une fois de plus, tout à fait faux. Le pape est en désaccord avec les économistes libéraux. En revanche, son discours correspond presque point par point à celui des théoriciens néo-keynésiens et des réformistes démocrates ou socialistes des deux côtés de l'Atlantique. (...)
On comprend le désarroi du 'Figaro' : en rappelant ses principes sociaux, le pape propose d'appliquer ici et maintenant les valeurs de l'Evangile. Où va-t-on?"
J'étais tout de même heureux, en lisant ces propos liminaires de Joffrin (encore une fois non suspect d'idolâtrie envers le catholicisme!) de constater que ma réserve exprimée sur l'avant-dernière livraison de ce blog n'était peut-être pas infondée...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire