L'Université des Aînés recevait hier soir, ici à Enghien, Eric de Beukelaer, pour sa conférence inaugurale. Le prêtre est connu et suffisamment médiatique pour qu'on ne le présente plus. A la fin de son intervention, répondant à des questions de l'auditoire, il a eu cette réflexion (on lui parlait de l'Islam) : "J'ai l'impression que la plupart des chrétiens, chez nous, ne sont au fond rien d'autre que de braves musulmans : ils veulent une société assez ordonnée, ils croient en Dieu, ils croient en Jésus comme en un grand prophète. Mais si on leur parle de la Trinité, de la résurrection, etc., ils sont dubitatifs..."
Je crois qu'Eric a raison sur ce point et qu'il a l'art de dire quelque chose de fondamental sous des dehors assez provocateurs.
La plupart des chrétiens ne sont guère... chrétiens.
Ils voient leur foi comme une espèce de mieux-disant social, un ferment solidaire, un héritage, et le reste...
Leur parle-t-on du Christ? Oui, un homme sympathique, un "grand prophète", en effet.
Leur parle-t-on de l'Eglise? Une institution insupportable.
Leur parle-t-on des sacrements? Des rites de passage, des moments liturgiques très emmerdants, souvent.
Leur parle-t-on de Dieu? Un grand machin, là au-dessus de nous, vaguement patron, vaguement nounou consolatrice, "qui doit bien exister quand même".
Leur parle-t-on de la fraternité? Une utopie, une générosité impossible, et surtout vis-à-vis d'étrangers qui ne sont pas comme nous, hein Monsieur le doyen...
Leurs préoccupations? Que certains rites encore soient accomplis pour honorer une vieille appartenance qu'on révère sans trop y croire. Que les messes soient dites et les enterrements faits. Qu'on accueille toutes les demandes de baptêmes, de mariages, etc. ("sinon, vous n'aurez plus personne"). Etc.
La foi au Christ ressuscité, coeur de tout (si même les morts ne sont plus dans la tombe, alors, à strictement parler, où va-t-on?)? Un Dieu par lui (par le Christ) révélé, qui n'est pas un machin, mais une relation de don, d'amour? Une fraternité à cette image, accueillante dans l'effacement de soi devant l'autre? Une Eglise nécessaire pour dire cela, y compris dans son aspect "apostolique" (non démocratique, les apôtres sont des envoyés à des communautés, qui leur rappellent précisément le coeur de la foi, et que celui-ci n'est pas l'objet d'un compromis après débat, mais une "annonce")?
Etc...
Nous sommes peu chrétiens.
Nous avons beaucoup à le devenir.
Ensemble.
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