Aucune mort n'est juste.
Même si elle est nécessaire (biologiquement), la mort apparaît toujours comme un scandale, ne serait-ce que par l'unicité irréductible de la personne qu'elle atteint - il n'y a jamais eu, avant "moi" (et chacun pour soi peut dire la même chose) personne qui ait été "moi " dans l'immense histoire de l'humanité, et personne ne sera non plus jamais "moi" dans l'histoire de l'humanité à venir. La mort détruit toujours un être absolument unique, d'où son scandale lui aussi absolu. La mort pourtant est nécessaire - la mort individuelle est la garantie de survie de l'espèce (où mettrait-on tout le monde si jamais les individus ne mouraient?)
Mais ces réflexions cèdent devant l'injustice de la mort des enfants. Eux, ils avaient la vie devant eux. Leur mort n'était pas "nécessaire" dans le renouvellement de l'espèce. Lorsqu'en outre cette mort survient dans un accident comme celui qui a frappé la nuit dernière en Suisse, alors l'incompréhension est à son comble. Tout cela n'a aucun sens, tout cela est révoltant.
Et le premier contre lequel on se révolte, si du moins on est croyant, c'est Dieu.
S'il existe, s'il est "tout-puissant" comme on dit qu'il l'est, pourquoi "permet"-il cela?
Serait-il aveugle, sourd, insensible à la souffrance des êtres humains brutalement déchirés dans leur affection la plus forte, celle qu'ils portent à leurs enfants?
Il faut regarder cette question en face.
C'est une question de la foi, peut-être bien la première, même et surtout si l'on ose le geste de croire. C'est une question qui emporte la foi loin des certitudes tranquillisantes, loin des habitudes sociologiques, loin des routines.
On ne s'en remet pas. Jamais.
Il ne faut pas s'en remettre...
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