J'essaie de nouer une synthèse de divers événements paroissiaux, nationaux ou internationaux qui nous émeuvent tous.
Il y sera beaucoup question d'enfants, notre avenir, notre devenir, et le critère sans doute de notre humanité elle-même.
La conférence du Professeur van Meerbeeck, d'abord, à laquelle je reviens : beaucoup de réactions sont très chaleureuses, résumées dans ce que j'ai reçu ce soir d'un paroissien qui me dit apprécier davantage encore le célibat consacré des prêtres, religieux et religieuses! L'une ou l'autre (et vraiment l'une ou l'autre, c'est-à-dire, jusqu'à présent, pas plus de deux!), sont plus choquées, surtout en ce qui concerne les "remèdes" préconisés par le conférencier... L'essentiel, à mes yeux : faire la vérité, il n'y a pas de progrès sans elle. Je crois que cette conférence a contribué à ce que les magistrats appellent "l'établissement de la vérité" - je pense en particulier à cette mise au point : la pédophilie si déplorable de certains prêtres n'est pas vraiment de la pédophilie, mais de l'homosexualité éphébophilique (une séduction de jeunes garçons juste pubères, et non pas de petits enfants). Et il est vrai que cette distinction conduit à poser des questions à l'Eglise catholique par rapport au "recrutement" de ses prêtres, d'abord, à leur formation, ensuite.
C'est peut-être lorsque l'enfant est en cause que notre société (re)prend conscience du Mal, ici orné d'une majuscule non pour le grandir, mais parce qu'il est une puissance dont l'énigme nous échappe. La mort, nous connaissons. La mort des enfants, pire, le meurtre d'enfants : impensable. Voilà d'où vient la majuscule au mot "Mal", Mal absolu. Nous ne ferons aucun progrès dans notre foi sans regarder le Mal en face, comme Jésus l'a regardé du haut de sa vie donnée - ce pourquoi la Croix n'est plus seulement un instrument de supplice, mais la signature d'un Dieu engagé dans l'histoire des hommes pour en faire l'histoire d'un Amour plus fort que le Mal et ses détours. Pour voir dans la Croix le signe de cet Amour, il faut en effet changer son regard, le regard de son coeur : cette conversion permanente est ce que l'on appelle "la foi". Bien autre chose que d'épouser des habitudes sociologiques qui nous rattacheraient encore à je ne sais quelle nostalgie de chrétienté, où "avoir la foi" consistait à voter catholique et manger du poisson le vendredi, à l'inverse des "ennemis" d'en face qui faisaient le contraire. Epoque finie, révolue : qui s'en plaindrait? D'autres formes, d'autres manifestations de cette foi enracinée dans la Pâque du Christ sont à inventer, d'autres manières d'en devenir le "sacrement", comme dit notre évêque lorsqu'il nous pose la question, à l'aube du synode diocésain : dites-moi, précisément, quelles formes nouvelles vous jugez bon d'en vivre...
Enfin, un mot sur la situation internationale. Elle n'est pas belle. Les crimes de Toulouse rappellent la présence du terrorisme et la désespérance de certains jeunes de chez nous qui se jettent dans ces causes violentes pour donner à leur vie un semblant de sens (Philippe van Meerbeeck en a parlé aussi, du reste, mardi soir.) Ce qu'on appelle alors "religion" en est dénaturé et la cohabitation multicultuelle et multicuturelle de nos sociétés, durablement mise à mal. Il faudra des années de patience, de dialogue, d'efforts de convivialité pour réparer un drame comme celui qui vient de se passer en France, au coeur de la campagne présidentielle et alors que des loups plus affamés les uns que les autres (les catholiques intégristes, les Le Pen et compagnie, par exemple) sont prêts à sauter sur l'occasion pour redorer leur misérable blason. On est loin de la foi chrétienne, vraiment très loin, même et quelquefois surtout chez ceux qui prétendent la défendre bec et ongles...
Montons vers Pâques, mes amis, le coeur souvent brisé par la tristesse du monde, car la vie, privée ou publique, n'est pas toujours rose. Montons vers Pâques dans la certitude de l'aurore à venir et de la perpétuelle jeunesse de Dieu, qu'attesteront bientôt les mystères célébrés!
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