Avant-hier avait lieu à Assise, à l'invitation du pape Benoît XVI, la commémoration du 25ème anniversaire de la rencontre interreligieuse convoquée dans le même lieu par son prédécesseur. Les responsables des grandes religions de la planète se sont donc retrouvés pour parler ensemble et prier pour la paix; lors de diverses allocutions, ces responsables ont affirmé que le dessein de la religion consiste en l'épanouissement de l'être humain, et que seul un mésusage des doctrines et des rites conduit (hélas souvent!) à alimenter des conflits et des guerres au nom de la religion.
Benoît XVI avait fait un pas de plus, encore, que son prédécesseur, en invitant une représentante de "l'humanisme athée", et pas n'importe laquelle : la psychanalyste et philosophe franco-bulgare Julia Kristeva, à la ville épouse du philosophe et écrivain français Philippe Sollers.
Kristeva est une figure de proue de la "post-chrétienté", et de l'intelligentsia française contemporaine, qui a enseigné le freudisme à Paris et à San Francisco. Elle est aussi connue pour ses nombreuses publications, dont un ouvrage absolument remarquable sur sainte Thérèse d'Avila, Thérèse mon amour (Fayard, 2008). J'avais eu l'occasion de la rencontrer lors de la sortie de ce livre : nous avions déjeuné ensemble à Paris. J'étais heureux de l'entendre dire, pleine de la révérence qui est la sienne pour la grande Thérèse, que la mystique carmélitaine pouvait résoudre les conflits intérieurs mieux que toutes les psychanalyses du monde! Tout en ne partageant pas la foi chrétienne, Kristeva est admirative devant le trésor que la foi chrétienne - et en particulier sa tradition spirituelle - peut apporter encore aujourd'hui en termes de construction humaine, personnelle et sociale.
J'ai eu l'occasion de suivre le message qu'elle a proclamé à Assise avant-hier, devant le pape et les autres responsables religieux : le temps des oppositions stériles est fini, disait-elle en gros. L'humanisme et les religions peuvent et doivent s'unir pour travailler ensemble à la paix des coeurs et des sociétés.
Enfin!
Enfin, oui, mais elle est un peu seulette, Julia... Moi aussi je l'ai rencontré plusieurs fois. Elle me fait penser, non pas intellectuellement mais spirituellement, à Simone Weil, sur le seuil, en attente de Dieu. Et ce qu'il y a de formidable avec elle, c'est que c'est une infatigable travailleuse intellectuelle. Un vrai bonheur.
RépondreSupprimerJPRosa