Quand je regarde les tâches qui sont les miennes, ici à Enghien, et que je tente d'y trouver un commun dénominateur - ce qui, vu leur diversité, est a priori ou de l'extérieur assez difficile -, je vois ceci : il s'agit toujours d'essayer de faire une communauté. Etre présent aux écoles et m'inquiéter de leurs soucis; être présent aux malades; préparer des liturgies dominicales ou quotidiennes, avec ce que cela comporte de réflexion biblique en sorte qu'elle soit partagée; préparer des funérailles en rencontrant des familles; accueillir des jeunes gens qui souhaitent se marier et les accompagner; rencontrer enfants, jeunes et adultes qui veulent franchir une étape décisive dans la foi chrétienne, par habitude sociologique ou après une réflexion et un mûrissement davantage personnels; écouter la longue litanie des gens démunis d'argent, de moyens, de vivres, de logement, et surtout d'amour, qui viennent sonner à ma porte et tenter, avec l'aide de personnes dont je ne louerai jamais assez le dévouement, de trouver des solutions; m'occuper des finances de la paroisse, pour que le patrimoine et les biens récoltés lors des quêtes soient utilisés au service de tous et judicieusement répartis; veiller, grâce à l'aide précieuse d'un secrétariat très efficace, au suivi administratif des demandes, depuis leur premier accueil; rédiger ce blog, même, de temps à autre, dont il me revient que certains le lisent... etc., etc.,
au fond :
tout ceci n'a qu'un but, créer, recréer, tisser et retisser une communauté.
C'est-à-dire : un espace de rencontres, un multiforme lieu d'échanges, de partage, d'accueil, d'écoute, d'entraide, de croissance spirituelle.
Une espèce d'endroit, mais d'endroit qui bouge, dans lequel chacun puisse venir "poser ses paquets", si j'ose ainsi dire.
Et il y en a bien besoin : où sont-ils les moments et les lieux, dans notre société, où les gens speedés peuvent venir se raconter un peu avec l'espoir d'être accueillis, écoutés, voire attendus?
Je ne pense même pas d'abord aux détresses matérielles (plus nombreuses qu'on ne croit dans une ville bourgeoise et apparemment confortable comme Enghien), mais au "tout venant". Prenez une famille "normale" : papa et maman travaillent, rentrent tard, partent tôt, il faut conduire les enfants à l'école ou à la garderie, le week-end il y a aussi le sport et toutes les autres activités, et quelques sorties en famille, et heureusement la perspective des vacances où l'on pourra enfin se parler davantage, et le stress d'un budget toujours ric-rac, et de temps en temps la santé qui lâche, et... et... et...
Quels sont les endroits où l'on peut vraiment "aller poser ses paquets"? Il y en a, certes. Mais il sont peu nombreux.
Nos églises, notre Eglise, doivent servir à cela : offrir un lieu, un espace, un moment, un accueil, une écoute, un partage, une rencontre, pour des personnes qui, sans elles, sans Elle, n'auraient pas d'autre opportunité.
Il n'y a pas d'autre urgence que ce service rendu, au nom du Christ, comme signe du Christ : offrir une communauté.
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