Hier, fête de la Trinité.
Nulle part dans la Bible ce concept n'est évoqué, jamais Dieu n'intervient pour dire : "Attention, les hommes, je suis la Trinité, hein! Gaffe!"
Ce sont les chrétiens qui, recueillant dans leurs méditations les trésors de la Révélation, ont forgé le mot et tentent aujourd'hui d'en vivre la réalité. Ils se démarquent ainsi de conceptions de Dieu certes respectables, mais insuffisantes - que l'on y croie, du reste, ou non, peu importe : un Dieu métaphysique "premier moteur immobile" (version Aritsote), un Dieu "Bien suprême" et démiurge (version Platon), un Dieu justicier (version janséniste - tiens, les revoilà, ceux-là), un Dieu "grand horloger" ou "grand architecte"(version Voltaire et les francs-maçons du XVIIIème siècle), un Dieu pré-bib-bang (version frères Bogdanov), un Dieu consolateur ou vaguement nounou qui berce les attristés sur sa poitrine généreuse (version charismatique), etc., etc.
Ah! ce qui peut traîner dans nos têtes quand on dit "Dieu"...
Nous croyons au Dieu de Jésus-Christ. C'est-à-dire : nous croyons que Dieu est ce que Jésus a raconté dans sa vie et dans sa mort, lui que nous nommons Dieu, le "Fils de Dieu". Nous croyons ainsi que Dieu est don, oblation absolue, effacement de soi pour l'autre, capacité de se laisser manger par l'autre (voir l'eucharistie : "Prenez, mangez - c'est mon corps. " "Prenez, buvez- c'est mon sang"! Paroles inouïes, non de vampires ou d'anthropophages, mais d'amour assumé jusqu'au bout du bout). Ce que Jésus a dit et fait dans sa vie de Juif, d'homme du Ier siècle dans la belle terre de Palestine : voilà ce qu'est Dieu, de toute éternité, depuis toujours et pour toujours, et pour chaque homme. Un don sans retenue, du Père au Fils, du Fils au Père, dans la liberté inouïe de l'Esprit (y aurait-il un don sans liberté?).
Et non seulement nous croyons cela - ce qui pourrait ne rester qu'une proposition intellectuelle. Mais nous voulons en vivre. Poussés par l'Esprit sans cesse donné à l'Eglise, nous voulons que nos communautés racontent elles aussi ce qu'est Dieu pour l'humanité d'aujourd'hui, non pas en récitant des leçons apprises et qui n'intéressent personne, mais en le faisant. En vivant entre nous des relations de don mutuel, de désintéressement, d'oblation - en essayant de devenir ainsi frères et soeurs d'un unique Père.
Nous revoici dans ce que nous sommes : l'Eglise n'est, en effet, rien d'autre. Et aucune de ses activités, de ses prises de position, de ses engagements, ne peut se justifier ou se comprendre en dehors de la vie trinitaire.
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