Bonheur, ces jours-ci, de retrouver le Ce que je crois de Mauriac, lu il y a cent ans! Ce petit texte rédigé en 1962 - on venait de commencer la célébration du Concile Vatican II - n'a rien perdu de sa pertinence. Deux exemples :
- le premier, sur l'Eglise : "Je ne puis dire en vérité que j'aime l'Eglise catholique pour elle-même. Si je ne croyais pas qu'elle a reçu les paroles de la vie éternelle, je n'aurais aucune admiration pour ses structures, ni pour ses méthodes, et je détesterais bien des chapitres de son histoire." (F. MAURIAC, Oeuvres autobiographiques, Gallimard, Pléiade, p. 568).
- et le second, sur la raison profonde et souterraine de sa foi : "Moi aussi je crois à la lumière. Je nie le mystère auquel adhère le monde moderne, je nie l'absurde. Je me moque des miracles de la technique s'ils se déploient dans un cachot matérialiste, fût-il aux dimensions du cosmos. Il m'importe peu d'atteindre les planètes, si ce que la fusée téléguidée promène, est ce pauvre corps voué à la pourriture, ce pauvre coeur qui aura battu en vain pour des créatures, elles-mêmes poussière et cendre. 'C'est cette horreur qui crée votre foi...' Eh bien oui, c'est vrai : ce n'est pas la peur au sens où l'entendait le vieux Lucrèce qui enfante les dieux, mais l'horreur du néant, ou plutôt de son absurdité : l'être pensant ne consent pas à ne pas avoir été pensé, le coeur aimant ne consent pas à ne pas avoir été aimé." (Ibid., pp. 579-580)
Qui dit mieux?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire