Je reçois ce soir, retour de la réunion des doyens du diocèse autour de notre évêque, une lettre d'injures d'un paroissien. Il a été très choqué de mon précédent message dans ce blog, et surtout du mot "connerie" utilisé pour qualifier les propos de Mgr Léonard. Bon je veux bien que le mot était un peu fort, je veux bien le corriger en "bêtise" - sous ma plume, ce terme employé "à la française" n'avait aucune connotation injurieuse, je me reproche à moi-même, bien souvent, mes "conneries". Et j'ai par ailleurs beaucoup d'estime pour Mgr Léonard... Passons.
Cet incident donne lieu à une véritable lettre d'injures où tout est passé en revue : je suis, à la lecture de ce blog, "gauchiste" de la pire espèce puisque j'aime les vers d'Aragon, pourfendeur de l'Eglise, Franc-Maçon, traître, mauvais prêtre puisque je ne fulmine pas tous les jours contre, en bloc, les homos, l'avortement, l'euthanasie, etc. Ah oui : je suis aussi mal habillé : sur le marché, à Enghien, on ne me "reconnaît" pas comme prêtre.
J'ai répondu, gentiment, comme j'ai pu, à ce flot sans doute longtemps retenu.
Je réponds ici aussi, brièvement, ceci : le christianisme n'est ni une morale ni une idéologie. Il est un salut. Il ouvre à une liberté d'expression qui se moque du qu'en dira-t-on. Il fait foncièrement confiance au jugement de la conscience morale personnelle (enseignement récurrent depuis saint Paul en passant par St Thomas d'Aquin et la Constitution pastorale Gaudium et Spes, du Concile Vatican II, n°16 par exemple). L'Eglise n'est pas un lieu de matraquage des (bonnes?) consciences, mais un lieu d'accueil de la Parole de Dieu dans un continuel échange (courtois et même amusé quelquefois) d'opinions et d'idées. On y a le droit de dire son point de vue, et d'émettre des objections - cela fait partie de l'intelligence de la foi.
Jamais comme prêtre je n'accepterai de devenir un pion dans je ne sais quelle entreprise d'endoctrinement. Et jamais je ne renoncerai à être moi-même, avec mes défauts et mes qualités, pauvre serviteur de la Parole, certes, mais pas obligé de me couler dans un moule ou un conformisme quelconques. Je suis libre. Et je le resterai.
Ce monsieur a peut-être tort de vous insulter mais il y a une forme de justice immanente: vous insultez l'archevêque, vous vous faites insulter.
RépondreSupprimerPour le reste, vous vous comportez en être libre, en effet. Même par rapport au magistère. Quant à savoir si c'est conforme à une tradition ininterrompue depuis saint Paul, c'est une autre affaire.
L'enseignement unanime du Magistère, depuis saint Paul (1Co) jusqu'au Concile Vatican II (Constitution pastorale Gaudium et Spes, n°16, par exemple : "Au fond de sa conscience, l'homme découvre l'existence d'une loi à laquelle il est tenu d'obéir"), en passant par saint Thomas d'Aquin (Ia IIae, Q.19, a.5) intime à tout baptisé d'obéir à sa conscience droite et éclairée pour être moral.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec l'enseignement moral du Magistère en ce compris dans les domaines sociaux, éthiques et sexuels.
Taxerune maladie de "justice" (fût-elle immanente) est une bêtise grave : c'est faire peser une culpabilité qui n'a pas lieu d'être sur des personnes qui souffrent. On n'est jamais coupable d'être malade. On peut, par exemple, être coupable d'avoir fumé, mais on ne l'est pas d'avoir un cancer pulmonaire. Cela n'enlève rien à l'estime que je porte à Mgr Léonard et à sa fonction. Mais j'ai le droit - en conscience j'ai même le devoir - de dire là-dessus mon étonnement.
Vos derniers billets montrent aussi une belle fidélité à l'esprit de Bernanos. Je relis "Les grands cimetière sous la lune", et je me réjouis qu'un curé-doyen, aujourd'hui, puisse être à nouveau un homme de justice et de communion. A cette communion, les bien-pensants sont invités, mais elle à la table des pauvres, des enfants et des malades.
RépondreSupprimerOn vous reproche deux mots, merde et connerie, malséants. Ils m'ont étonné aussi, mais comme le Nuts de Mc Auliffe à Bastogne, le Non d'Antigone. Plus profondément, c'est la colère de Jésus dans Matthieu 23.
Quant à l'importance de la conscience, elle a été théorisée par Newman, récemment béatifié par le pape à Londres. Le Catéchisme romain le signale au n° 1778.
Merci, cher Ephrem, de rappeler ce numéro du Catéchisme, qui en effet cite la célèbre formulation du désormais Bienheureux Cardinal Newman : "La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ" (Lettre au Duc de Norfolk, 5, cité dans Catéchisme de l'Eglise Catholique, Mame/Plon, 1992, n°1778, p. 378).
RépondreSupprimerJe crois qu'il est urgent de rappeler cet enseignement du Magistère lui-même, enseignement hors lequel il n'y a pas de vie vraiment morale : aucun acte n'est moral s'il n'est assumé par une conscience libre, droite et éclairée. Et même si cette conscience se trompe : c'est l'enseignement de saint Thomas d'Aquin dans la Summa. Sinon, nous serions des pantins enrégimentés, et non des chrétiens qui apprennent toujours, et quelquefois douloureusement, la grandeur de la liberté.
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RépondreSupprimerMerci Mr. Benoît LObet, pour ce rappel bien légitime aux règles de la bienséance. Le fait d’être Franc-Maçon d’une Obédience parfaitement déiste et qui fut refondée en 1.913 après la séparation de l’Église et de l’État, me donne aussi l’occasion de dire que nous sommes membres de mon Atelier, que sur présentation d’un certificat de baptême. Cependant d’autres Rites acceptent à la G.L.N.F. d’autres confessions, pouvons-nous les ignorer ou bien les chasser de nos travaux lorsqu’ils viennent nous visiter ?
RépondreSupprimerDe plus et contrairement à ce qui se dit sur ce site, beaucoup de mes frères, dont je fais partie, sont, en 1.974, partis d’une certaine Obédience, lorsque son Grand Maître prépara les fameux textes de la loi sur l’avortement. Aussi, les choses ne sont pas si simples et ceux qui nous blâment, devraient savoir qu’il se trouve aussi chez nous des ardents défenseurs de la Sainte Religion Chrétienne et que nous ne sommes pas une secte animées par des idéologies fumeuses, mais bien un groupement d'hommes de bonnes volontés qui ont pris cette voie, car Église s'est montrée bien défaillante dans bien des domaines.