dimanche 3 janvier 2021

Les savants étrangers

 On ne dit pas combien ils étaient - c'est une tradition postérieure qui a fixé leur nombre à trois, probablement parce qu'il y a trois cadeaux,  et leur a donné des prénoms. On ne dit pas non plus que c'étaient des rois, mais des "mages", c'est-à-dire des savants (entre astronomes et astrologues de leur époque). Si la tradition en a fait des rois, c'est pour souligner qu'ils représentent leurs peuples, ces mages venus d'Orient, de l'étranger, donc.

La lumière qui vient dans nos ténèbres est pour tous les hommes de tous les pays du monde : dès la Nativité, l'universalité du salut est ainsi soulignée. Elle suppose de ne pas figer notre foi chrétienne dans ses formes occidentales, dans sa "Tradition", comme disent certains, en ne voyant souvent qu'une tradition - la leur.

La lumière qui vient dans nos ténèbres n'est pas incompatible avec la recherche - c'est en scrutant le ciel que les mages ont repéré l'étoile. Comme on nous a bassinés, comme on nous bassine encore, avec cette supposée opposition entre "science" et "foi". Comme si, ni en l'une ni en l'autre, il n'y avait de doutes, de reprises, de légitimes divergences de vue! La présente pandémie nous le montre bien, pourtant, que de savants médecins ne sont pas toujours d'accord entre eux. Et qu'ils ne possèdent pas immédiatement la clé de l'énigme. Et qu'ils vont à tâtons dans leurs recherches sur ce satané virus. Les scientifiques véritables sont les premiers à savoir que la science n'est pas un bloc infaillible - toujours, pour être ce qu'elle doit être, elle se remet en question. La foi aussi, du reste : les théologiens le savent bien, qu'elle est toujours reprise à nouveaux frais. Science et foi, plus conniventes qu'on ne l'a dit, s'appellent l'une l'autre. Nous voyons les mages conduits à la foi à partir de leur recherche "scientifique", et la foi authentique demande aussi à être passée au crible de la critique des sciences - philologie, archéologie, philosophie, anthropologie, etc. - sauf à devenir un fondamentalisme dangereux.

Quant aux cadeaux, ils évoquent la nature véritable de l'Enfant : l'or reconnaît en lui le Roi des rois, le souverain véritable. L'encens vénère le Dieu présent en lui. La myrrhe, parfum d'embaumement, annonce sa sépulture - le Dieu roi ne révèlera cette divine gloire que dans la mort paradoxale de la Croix, vécue comme une offrande de tout lui-même.

Oh! Les mages nous apprennent beaucoup, eux qui surgissent au début de l'évangile de Matthieu. Ils nous convient à une méditation que ne résumeront  pas une fève croquée et une couronne portée pendant une journée!

Sainte fête de l'épiphanie!

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