samedi 2 mai 2020

Le "Bon Pasteur"

Au quatrième Dimanche de Pâques, on lit des versets de l'Evangile de Jean dans lesquels Jésus se présente comme "le bon pasteur, le vrai berger", celui qui n'est pas un mercenaire, mais qui donne sa vie pour ses brebis, qui les rassemble, qui connait chacune par son nom, etc. Ce n'est pas une image d'Epinal - c'est une image biblique et nombreux sont les textes du Premier Testament où Dieu se présente, là aussi, comme le berger fidèle - songeons par exemple au psaume 22, régulièrement chanté lors des funérailles : "Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur de verts pâturages il me fait reposer, il me mène près des eaux tranquilles et me fait revivre. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal : ton bâton me guide et me rassure…"
Beaucoup de choses sont dites, à propos de Dieu et du Christ, à travers cette représentation : d'abord, la prévenance de Dieu pour son peuple en général et pour chaque "brebis" en particulier - il connaît, répétons-le avec Jésus, chacune par son nom. Pour le Christ, l'humanité n'est pas une masse indistincte, mais une communauté où chacune, chacun a une valeur particulière et personnelle. Que quelqu'un vienne à manquer - et tous ressentent cette perte comme une amputation. Semblablement, au chapitre quinze de l'Evangile de Luc, Jésus se présente-t-il comme le vrai berger capable de délaisser tout le troupeau pour se mettre en quête de la brebis égarée,  jusqu'à ce qu'il la retrouve. Oui, d'abord, on lit dans ces textes l'incroyable prévenance de Dieu, que nous oublions souvent - nous ne pensons à lui que pour l'accuser de nos maux, alors qu'il n'y est évidemment pour rien  et  lorsqu'il s'en mêle, c'est pour nous en tirer, pour nous les faire traverser, comme un pasteur.
Car il nous conduit, ce Dieu d'amour, et le Christ nous conduit vers le Père, source de tout bien. Nous allons quelque part. Notre vie marquée par la finitude et la mort - les circonstances présentes nous le rappellent - n'est pas vouée au néant mais va vers la Vie. Et le Christ pasteur nous conduit vers la Vie.
Il le peut car il a pris condition humaine, ce Dieu incarné en Jésus : il connaît de l'intérieur nos perplexités, nous doutes, nos peurs, et nos angoisses. Il les partage pour toujours mais nous les fait traverser : "Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien…" Lui qui se tient en avant du troupeau se tient aussi au milieu de lui, il en porte l'odeur bien humaine. Et quelquefois, il est derrière, pour pousser dans la bonne direction.
Ce dimanche est aussi celui des "vocations", et on songe en particulier à la vocation de prêtre dans l'Eglise, de pasteur ordonné. Tout ce que Jésus dit de lui-même comme Pasteur, le prêtre, qui est un baptisé comme les autres, est chargé par son ordination de le "représenter" au sens fort, sacramentel du mot, au milieu du Peuple tout entier. Au milieu toujours, quelquefois devant pour tirer, quelquefois derrière pour pousser…
Ne nous perdons pas en considérations institutionnelles en pensant aux prêtres, en priant pour eux et pour ceux qui devraient le devenir  (je veux dire, ces questions sans cesse reprises jusqu'à la stérilité : faut-il ordonner prêtres des hommes mariés, des femmes, etc., questions sans doute intéressantes mais marginales). Songeons seulement qu'une Eglise sans prêtres oublierait la prévenance du don de Dieu, l'antécédence de son amour sur le don que l'être humain peut faire de lui-même aux autres, et que dès lors elle ne serait plus l'Eglise, mais quelque chose comme une ASBL philanthropique. Prions pour qu'il y ait des prêtres, et qu'ils soient - nombreux ou non - de vrais bergers, de bons pasteurs - ils le seront s'ils unissent leur vie à la vie du seul Pasteur.

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