lundi 9 novembre 2015

L'anthropocène

Participé vendredi soir, à la Maison Jonathas ici à Enghien, à une conférence sur l' "anthropocène" donnée par Guillaume Lohest. Il s'agissait donc de parler de cette nouvelle ère géologique déterminée par l'empreinte excessive de l'être humain sur sa planète, ère dans laquelle nous sommes entrés déjà avec les conséquences à court et moyen termes que l'on connaît.
Beaucoup, vraiment beaucoup de choses intéressantes dans cette soirée : (re)prendre conscience d'une urgence déjà dépassée pour bien des paramètres, et peut-être surtout tirer les conséquences pour nous-mêmes, les êtres humains, de ces prospectives tout de même catastrophiques.
Un aspect peut-être n'a pas été suffisamment souligné (il l'a été, mais trop peu à mon goût) : la résonance sociale de tout cela. On a peur pour soi-même, d'abord (encore qu'un pachyderme célibataire comme moi ne craint guère pour lui-même...), pour les siens, ensuite, pour l'espèce sans doute. Mais pense-t-on aux premières victimes - celles qui sont déjà les victimes aujourd'hui, et le seront davantage encore demain? Je veux dire : les populations économiquement fragiles du Sud, les centaines de milliers de personnes que les changements climatiques (la désertification, par exemple) font aujourd'hui migrer vers l'Europe du Nord (c'est l'une des causes, souvent passée sous silence, du phénomène migratoire qui ne peut aller qu'en s'accélérant)? Ce sont les plus fragiles qui vont le plus trinquer - comme toujours : ceux que le prétendu "progrès" technologique n'a pas aidés, mais a, au contraire, à cause de toutes sortes de procédés méprisants et méprisables qui relèvent de la macro-économie, enfoncés toujours davantage dans la misère, les privant d'une juste exploitation de leurs terres ou de leur sous-sol.
Une autre insistance qui peut-être manquait (ici encore, elle était présente mais trop peu selon moi) : la dimension spirituelle de cette prise de conscience. Les courbes exponentielles présentées et qui conduisent à une chute brutale de la possibilité même de vivre ne devraient pas seulement faire peur, mais devraient conduire à considérer la fragilité de nos existences individuelles et de l'espèce humaine tout entière. Or je tiens - c'est un point de vue philosophique autant que "religieux" (au sens large)  - qu'on ne peut vivre correctement son présent et son avenir proche qu'en considérant sa fin, chacun pour son compte ou tous ensemble. Intégrer sa finitude dans sa méditation, c'est ouvrir le présent à des tas de possibles inattendus. Dans la Bible déjà, l'Apocalypse reconduit à l'urgence du moment présent, et le Déluge n'est raconté que pour renouer l'Alliance vitale avec le Créateur...
Relire, là-dessus - devoir du temps de l'Avent qui s'annonce - l'encyclique Laudato si' du Saint Père François. D'urgence...

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