jeudi 5 novembre 2015

Faut-il en finir avec le Diable?

C'est le titre d'un Colloque de deux jours, le Colloque de théologie dit "Colloque Gesché" (car il est organisé tous les deux ans pour honorer la travail du théologien belge Adolphe Gesché) et auquel j'ai participé, après avoir contribué à son organisation, hier et avant-hier à Louvain-La-Neuve. Exégèse, histoire, sociologie (le monde des jeux vidéos ne manque pas de sel...), littérature (j'ai proposé un parcours des romans de Bernanos pour voir comment le Diable y est non pas "un" personnage mais peut-être bien "le" personnage), psychologie, ouverture sur le Coran et le monde musulman, théologie : bien des disciplines ont concouru à montrer comment la figure du Diable donne à penser. Et cela en déplaçant des questions un peu inutiles, du genre : "Existe-t-il?" (en tous les cas, le Mal existe, et un Mal énigmatique qui dépasse les seules initiatives humaines) ou "Est-il une personne" (comme disait Benoît Bourgine, ce serait lui faire trop d'honneur que de le considérer comme une "personne", avec tout le retentissement philosophique de cette notion, mais on peut exister autrement que comme "personne"). Il me semble important que des théologiens cherchent dans leur fonds propre, dans leur arsenal conceptuel, ce qui peut éclairer la situation présente de la société et peut-être relancer à son propos une vision plus critique. Ce fut fait, et les nombreux participants du Colloque (environ 200) se disaient stimulés par la réflexion. Actes à paraître courant 2017...
Hier soir, précisément, nous apprenions la mort survenue à Stanford (Californie) du Professeur René Girard, de l'Académie Française, et qui était né en 1923 en Avignon. Cet intellectuel catholique a profondément renouvelé, à partir de la philosophie, de la littérature et de la Bible, la pensée contemporaine touchant aux mécanismes de la violence (notamment en développant le concept de "désir mimétique", désir dans la rivalité). Relire Girard aujourd'hui (par exemple son maître-livre, La violence et le sacré, paru je crois en 1972), peut certainement contribuer à mieux appréhender les liens contemporains entre religion(s) et violence - religion(s) comme sources de la violence, mais aussi comme lieux possibles de son apaisement. Ce n'est probablement pas inutile dans le contexte que nous connaissons...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire