J'ai déjà signalé ici la grande amitié qui me lie à mon beau-frère, le professeur Michel Dupuis. Je termine la lecture de son dernier ouvrage, dans lequel il condense les réflexions qui lui viennent de la pratique croisée de sa discipline propre (la philosophie) et des nombreux échanges qu'il a noués avec les milieux soignants, médicaux et para-médicaux en particulier. Dans ce texte dense mais toujours accessible, il propose l'hypothèse du "soin" comme catégorie philosophique nouvelle, capable de nous faire entrer dans une intelligence plus perspicace de notre humanité, de ce que nous sommes les uns pour les autres. Prendre soin les uns des autres, c'est apprendre à accueillir la vulnérabilité d'autrui, sa dignité constante, c'est apprendre l' "empathie" avec lui, c'est accueillir la vérité dans le processus même d'une délibération avec lui jamais achevée. "A-chaque-fois" (une catégorie inventée par l'Auteur pour dire la perpétuelle nouveauté de la rencontre - il met en exergue là-dessus, p. 117, un vers d'Aragon : "Tu peux m'ouvrir cent fois les bras, c'est toujours la première fois"), la situation est neuve, la page est blanche et nous pouvons (re)construire un "être-nous" qui honorera notre désir de bonheur.
C'est un beau livre, à méditer et à reprendre, à mettre en œuvre(s) surtout, capable aussi de relancer notre foi chrétienne quand elle est tentée de se crisper sur des identités nécrosantes.
Je rappelle que Michel est, outre Professeur à l'UCL, Président du Comité consultatif de bioéthique en Belgique et Responsable scientifique de l'Organisme de formation GEFERS (Groupe francophone d'études et de formation en éthique de la relation de service et de soin, Paris).
Voici les références de ce livre :
M. DUPUIS, Le soin, une philosophie. Choisir et vivre des pratiques de reconnaissance réciproque, Paris, Seli Arslan, 2013, 157pp. Je vais faire en sorte que ce livre soit rapidement disponible au dépôt de l'église Saint-Nicolas à Enghien.
Enfin, je signale que, dans la livraison de ce matin de La Libre Belgique (p.1 du Supplément littéraire ), Eric de Bellefroid offre une belle présentation de ce texte.
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