mercredi 26 juin 2013

Le pape, à Rome

C'est un mercredi ordinaire, à Rome, le dernier mercredi de juin, rempli de soleil et de joie de vivre.
Place Saint-Pierre (je viens de voir la retransmission par KTO), des dizaines de milliers de personnes.
Vous rendez-vous compte de ce que j'écris? Des dizaines de milliers de personnes, alors qu'on est un mercredi "ordinaire"...
Voudriez-vous me dire quel Chef d'Etat, quel ministre, quel "grand de ce monde" a cela toutes les semaines autour de lui?
Et qu'est-ce qu'ils attendent, ces gens? Que sont-ils venu voir? Ou écouter?
Un homme, que voilà : sa voiture, découverte, non blindée, offerte aux attentats et aux coups de feu ou de poignards, montre une personne offerte d'abord à l'autre, et qui, dix fois, vingt fois, s'arrête. Cet homme prend dans ses bras, accueille, reçoit et donne des signes d'amitié, d'amour. Sa calotte blanche est un peu de traviole, on voit son pantalon à travers la soutane trop légère et quand il s'arrête, au son d'une fanfare qui a plus des airs de samba que de Bach dans ses partitions, il claudique un peu vers son siège. Pas impressionné, le mec, il trouve cela normal que la foule soit pareillement là pour lui.
Pour lui?
Non, pour une parole qui le dépasse, et que le monde veut entendre : il y a de l'amour dans l'air, recevez-le.
A-t-on assez observé que, depuis les mois qu'il est pape, il n'a jamais prononcé une parole de condamnation particulière? Oh, il a bien dit que telle ou telle attitude, en général, ne conduisait pas au bonheur, certes. Mais il n'a condamné personne. Au contraire : il a estimé que ceux, dans l'Eglise catholique, qui avaient la condamnation trop facile, qui fulminaient l'éthique sans se souvenir de l'amour, se rendaient ainsi semblables aux pharisiens que Jésus ne ménage pas. Il a demandé au Nonces, ses ambassadeurs  rassemblés la semaine dernière auprès de lui - et dont l'une des tâches est de l'aider à choisir des évêques partout dans le monde - , d'écarter a priori ceux qui ambitionnaient de devenir évêques (signe évident qu'ils n'étaient pas faits pour cela) et de choisir des prêtres proches des fidèles, non des théoriciens du catholicisme.
Quelque chose bouge, dans la Curie romaine, certes, mais aussi dans le monde.
Que les gens soient croyants ou non, catholiques ou pas, il y a là, à Rome, une espèce de signal qui est donné : l'humanité vaut mieux que les lois mécaniques de l'économie, que les implacables jeux de pouvoir entre nations (ou continents), entre personnes rivalisant d'ambition et d'ego mal placés. L'humanité vaut mieux que des querelles idéologiques qui se parent (tel le geai des plumes du paon!) des couleurs de "la religion" - voyez en France, comment l'Eglise catholique a récemment risqué de se déshonorer  dans des parades vaines, quelquefois violentes.
Une page est tournée. Et, sous des apparences nonchalantes, avec vigueur.
Et qu'on n'en parle plus.
Et qu'on parle d'autre chose : des plus pauvres, qui sont au cœur.
Et que le discours évangélique recommence en parlant d'eux, en leur parlant.
Merci, pape! Et bravo!
Et fais gaffe à toi : "ils" (de tous les côtés)  ne vont pas supporter ça longtemps, qu'on leur dise l'Evangile - Jésus, aux meilleures estimations, on l'a supporté trois ans!

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