jeudi 10 novembre 2011

Où donc est la joie?

Jours de deuils amoncelés, ces temps-ci. Ce matin, funérailles dans une paroisse d'Enghien d'un Monsieur très bien, très droit, très souffrant... qui a choisi de partir plus vite que prévu. Drame pour les siens, qui l'aimaient de tout coeur et le soutenaient, dans une vraie prise en charge quotidienne. Que dire à cela, mon Dieu, que dire, sinon que l'Amour de Dieu est plus fort que tout et que nul être humain jamais, ne peut en juger un autre!
Cet après-midi, sur mes "terres natales", funérailles d'un de mes oncles - à vrai dire, le dernier qui me restait, un petit frère de ma maman (84 ans, tout de même). Me (nous) reste, après lui, sa soeur aînée, ma tante de 90 ans. Mort brutale là encore, parce qu'inattendue (il est, comme on dit, "tombé mort" lundi matin). Célébration paisible, dans le beau soleil d'automne, au milieu de la petite église de Vergnies (qui connaît Vergnies? Cent habitants! Mais... Le village natal du musicien Gossec), beaucoup de monde, beaucoup de paysans et de fermiers, comme lui attachés à leur terre, à ces valeurs ancestrales qui se retrouvent parmi mes cousin(e)s et auxquelles, bien entendu, je suis sensible. Je n'ai pas beaucoup trait les vaches, mais je crois que je comprendrai toujours les paysans, mieux que n'importe qui, mieux que n'importe quel artistocrate ou n'importe quel bourgeois.Les paysans savent le rythme de la terre, la lenteur nécessaire, ils ont pour eux la rouerie des saisons qui se moquent de nos humeurs et quelquefois empêchent notre belle civilisation de rouler (un coup de gel? bing! C'est le trafic bloqué!) Mon oncle avait cette lenteur et cette sagesse, finaud et déjà revenu de tout.
Et puis, à peine le temps de dire au revoir à mes cousins, l'annonce qu'un autre ami est mourant, de mon village lui aussi. Passer à l'hôpital, voir la famille rassemblée, prier, conférer l'onction sainte des malades, dire à sa femme, à ses enfants, qu'il ne faut pas s'effrayer devant une vie bien remplie et qui s'en va...
Que de deuils, et on en annonce encore!
Où est la joie?
Elle ne sera donc pas dans l'absence ou le refus du deuil, mais dans sa traversée.
Elle sera dans les moments volés à la mort, cette protestation de la vie, ma cousine qui m'offre à midi, entre deux enterrements, de partager sa soupe et sa ratatouille de poireaux, ma tante de 90 ans qui me dit en m'embrassant : "Tu viendras manger des pommes, hein, des pommes au lard!" Bien sûr, ma chère tante, que j'irai, et plutôt deux fois qu'une, et nous protesterons ensemble contre la mort, parce que nous croyons en la vie, en la vie éternelle, certes, mais qui s'incarne déjà dans les bonheurs partagés de cette vie-ci.
Et je prendrai encore quelques kilos.
Tant pis! Ca le vaut bien...

2 commentaires:

  1. C'est sûr, vous le valez bien, et puis il faut profiter de la vie... Bon courage

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  2. Ah ! les trésors d'affection et de bon sens de ces chers "vieux" qui en ont vu tant et qui peuvent nous partager leur expérience et leur sagesse. Paix à leur âme.

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