Dans La République, son traité le plus incisif sans doute, Platon, le philosophe grec, théorise à propos de la démocratie athénienne. Il fait notamment valoir cette idée : lorsqu'on se désintéresse de la politique (au sens noble : de la vie de la cité), lorsqu'en démocratie on refuse, par exemple, d'aller voter (et le vote était annuel à Athènes), parce qu'on pense ou dit "Tous pourris, pas un pour relever l'autre", alors on tombe immédiatement ("immédiatement"!) de la démocratie à la tyrannie, de la démocratie, autrement dit, à la dictature.
L'histoire a donné maintes fois raison à Platon.
Un exemple, parmi d'autres : la montée du nazisme en Allemagne dans les années 1920-1930.
. Le nom, d'abord : un curieux mélange, "National-Socialisme" (Nazi, premières lettres du mot "National" en allemand). Attelage rêvé du nationalisme et du socialisme. Un temps rêvé chez nous, récemment. Heureusement abandonné. Abandonné?
. Le fond de crise, ensuite, comme on parle d'un fond de sauce. La crise boursière américano-européenne de la fin des années '20 et des années '30. Cela ne vous fait-il pas penser à une autre crise financière américano-européenne de la fin des années 2000, début des années 2010?
. Le racisme ambiant, encore : "Mort aux Juifs!", et on l'a fait, dans ces années terribles (et comment!) "Non aux Arabes, aux Musulmans, aux étrangers", dans des années plus récentes... chez nous.
. La démagogie, enfin : l'émergence d'un beau parleur frustré, qui mobilise le peuple lui aussi frustré et le faît rêver à ses droits reconquis, à sa liberté détruite, à sa gloire oubliée, à sa richesse, surtout! Pour le moment : manque chez nous. Combien de temps? J'invite les dictateurs en herbe à tenter leur chance, il y a un créneau...
. Que manque-t-il donc, pour que l'histoire, non contente de bégayer, se répète vraiment? La fin de quelques remparts, dont le rempart européen (monnaie unique, coopération, etc.), que d'aucuns réclament (nous verrons les scores de Mme Le Pen en France l'année prochaine, nous verrons comment joue la solidarité pour la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Italie, etc., et surtout jusqu'où et jusques à quand elle peut tenir).
Platon avait raison.
Lisez Platon, relisez Platon... et, comme on le disait autrefois dans les rues de mon village, "Attention à vos enfants!"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire