Je suis pour l'instant entouré de jeunes ou relativement jeunes ménages qui divorcent, ou qui songent à divorcer. Une amie (depuis longtemps, et très chère) - quatre enfants, quatre divorces, la dernière séparation datant d'il y a quinze jours - me dit : "Ne les mariez plus, par pitié!" Or, presque tous les samedis matin, je reçois environ trois couples de fiancés qui demandent le mariage sacramentel. Ils ne connaissent pas grand chose à la foi, mais je les crois sincères lorsqu'ils disent que, pour eux, le mariage sacramentel est la seule façon de "s'engager vraiment", "pour toujours", "comme ils le veulent au plus intime d'eux-mêmes". Alors, que faire? Suivre le conseil de mon amie, mère de famille déplorant la situation de ses enfants? Non, je continuerai à préparer et à célébrer des mariages sacramentels. Mais j'insisterai plus encore que je ne le fais sur ceci : le sacrement a affaire à la foi. L'interrogation qu'il faut se poser, et poser à ces jeunes gens, n'est ni d'ordre éthique, ni d'ordre psychologique, mais d'ordre spirituel : quel rapport ont-ils au Christ? A sa Pâque? A son mystère de résurrection? Je suis de plus en plus persuadé que, hors cette dimension de la vie conjugale, les exigences sacramentelles du mariage sont aujourd'hui absolument impossibles.
Et pourtant, on catéchise si peu de ce point de vue... On a confiné la catéchèse dans le domaine de l'enfance et de la pré-adolescence, oubliant qu'elle est une dimension constitutive et permanente de toute vie chrétienne. On l'a coupée de ses sources liturgiques, oubliant qu'elle n'est pas un enseignement scolaire. Voilà le résultat, et voilà le chantier : redonner du souffle - et un souffle qui dure - à l'occasion d'étapes importantes comme la célébration de leur amour conjugal, à ces jeunes gens qui viennent encore frapper aux portes de nos églises. Du souffle, dis-je, non de la morale : nous sommes saturés de morale, eux les premiers, et la réitération des règles ne changera rien aux fragilités présentes.
Comment, dans nos églises, créer des lieux de respiration et d'échange, des lieux où les situations se débloquent, avancent, même si l'on rame? Les "psys" font ce qu'ils peuvent, certes, dans la gestion des conflits conjugaux, mais la question est bien plus profonde que les soutainements psychologiques de nos vies. La question est celle du souffle de nos existences...
Quel chantier pour nous, qui n'avons rien d'autre à dire au monde!
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