L'évangile de ce dimanche est difficile à entendre, les exigences radicales que Jésus y propose semblent hors de portée. "Aimer ses ennemis"... beau programme, sur le papier, mais dans la vie quotidienne, hein!
Se souvenir de ceci : Jésus, dans ces chapitres matthéens, prononce "sur la montagne" son premier grand discours. Destiné à des chrétiens issus du judaïsme, l'évangile de Matthieu ne précise pas de quelle montagne il s'agit : lorsqu'on parle à des Juifs pieux de "la montagne", ils reconnaissent toujours le Sinaï, le lieu du don absolu de la Torah, du cadeau magnifique que Dieu fit au peuple libéré par Moïse, précisément pour que le peuple restât libre de cette sauvage liberté que Dieu lui offrait. Car la Torah n'entrave pas les libertés - c'est une conception restrictive, que Jésus toujours dénoncera, la conception pharisienne de la Loi, qui en fait une machine à empêcher! Jésus radicalise la loi, au sens étymologique de ce terme : il va à sa "racine" (radix, en latin). Le Talion, qui dans la Torah limite la vengeance hélas si commune dans la nature humaine (seulement un oeil pour un oeil, seulement une dent pour une dent...)? Jésus va jusqu'au bout de sa logique : le bonheur et la liberté, c'est d'apprendre à ne jamais se venger, jamais...
Ah! Quelle liberté!
Impossible au quotidien?
Difficile. A apprendre, en tous les cas, sans désemparer : c'est d'elle que nous vivrons en Dieu, c'est-à-dire dans la conformité parfaite à Dieu, notre origine et notre fin, devenus "parfaits comme le Père est parfait."
Quel programme!
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