Ce matin, à Ellezelles, j'ai concélébré les funérailles du papa d'un ami prêtre, avec lequel j'ai poursuivi toute ma formation théologique au Séminaire, il y trente ans! Il avait choisi - beau courage - de présider lui-même la messe, qui fut simple, sobre, sublime donc, dans le vrai sens du mot : au-delà des frontières communes, dans la vérité d'une vie, celle de son papa, modeste et fidèle et généreuse. Tout cela fut dit sans emphase, avec les mots de la terre, sans doute les seuls vrais. Ainsi, et par exemple, parmi les pépites que j'emporte avec moi de cette richesse célébrée, ce mot du papa, il y a quelques années, alors qu'on lui conseillait de "placer" son épouse atteinte d'un Alzeihmer plutôt que de se fatiguer à la soigner chez lui : "Elle ne l'aurait pas fait pour moi. Je ne le ferai pas pour elle." Richesse de la fidélité, témoignage de l'alliance conjugale vécue au quotidien et jusqu'au bout.
Par un étrange retournement que permet l'amitié, c'est moi qui ai pleuré tout le temps, et mon ami - le fils - avait la force de dire la vérité simple, la vérité juste, la nue vérité si belle, de la vie de son papa.
Toute cette célébration nous a offert un instant de rare humanité, de rare christianisme, de foi étymologiquement "sub-lime" : reconnaissant les limites de ce monde et de "la douloureuse espèce" (Bernanos) qui le peuple, et les dépassant dans l'abandon à l'amour offert, reçu, donné.
Ce soir, la lecture de la messe (Jn 15 ) : le seul commandement (entolè, en grec, "injonction") que Jésus laisse : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis..." Comme on a encombré tout cela, comme le christianisme est simple, si l'on veut. Un seul commandement, UN SEUL! Le seul laissé par le Christ, non? Ou alors, je ne sais pas lire...
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