lundi 9 août 2021

Edith Stein, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

 Chaque année, c'est avec une grande émotion que nous célébrons dans l'Eglise Catholique la fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, co-patronne de l'Europe. Née Edith Stein, dans une famille juive à la fin du XIXème siècle, Edith a d'abord voulu se consacrer à une carrière de philosophe. Disciple de Edmund Husserl, le père et fondateur du courant "phénoménologique" en philosophie - ce courant qui souhaite appréhender le réel en considérant les "phénomènes", les "manifestations" à travers lesquels le réel nous apparaît -, elle rédige une thèse brillante et devient enseignante dans une Ecole Normale pour jeunes filles. Assez tôt, en effet, l'enseignement universitaire lui est interdit, à cause de son judaïsme et des lois discriminantes du nazisme. Pendant cet enseignement, durant lequel elle développe des idées avant-gardistes (pour l'époque) sur les femmes, elle fréquente un couvent de Soeurs Bénédictines et, puisant dans leur bibliothèque, lit avec passion l'autobiographie de Thérèse d'Avila, une "phénoménologue" avant l'heure, qui décrit comme ils apparaissent, précisément, les mouvements de son coeur priant. Révélation décisive : Edith demande le baptême et, dans la foulée, est admise au Carmel de Cologne, où elle prend le voile sous le nom de "Soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix". Quelques années plus tard, vu les menaces qui planent sur les religieux allemands d'origine juive, elle est accueillie dans un Carmel de Hollande. En 1942, les évêques hollandais ayant publié une lettre contre les exactions anti-juives des nazis, les religieux d'origine juive sont, en représailles, arrêtés et déportés. Le 9 août 1942, Soeur Thérèse-Bénédicte est gazée à Auschwitz, peu de temps après son arrivée dans le camp de la mort.

Elle sera béatifiée en 1987, puis canonisée en 1998 par saint Jean-Paul II et, dans la foulée, proclamée "co-patronne de l'Europe". Ce fut là une volonté du pape de voir cette femme présentée comme un modèle, martyre à la fois pour son judaïsme (qu'elle n'a jamais renié) et son christianisme, témoin douloureux de la plus grande barbarie qui a ensanglanté le XXème siècle, femme aussi d'une très grande intelligence spéculative, et que cette intelligence a contribué à faire grandir dans la foi juive et chrétienne.

Quelle figure! Quelle émotion de pouvoir la célébrer et la prier, en demandant qu'elle ne cesse pas d'intercéder pour notre temps qui ne manque pas, lui non plus, de barbaries...

3 commentaires:

  1. "Saint Jean-Paul II....". "Santo subito..." N'a-t'on pas été trop vite en besogne ? Edith Stein a attendu 45 ans, J-P II quelques mois ... Mais bon, là n'est pas le sujet du jour... Bonne fête à toutes les Marie !

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  2. N'exagérons pas cher Michel... Six ans pour la béatification et onze pour la canonisation. C'est plus que "quelques mois"...

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  3. Simplement nous ne sommes pas assez bien renseignés car moi je croyais aussi comme Michel que Jean-Paul II avait été canonisé presque De facto ...C'est très bien qu'il n'en ait pas été ainsi.
    Silvamme

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