samedi 2 juin 2018

Traiter la religion avec les égards qui lui sont dus...

Les épouvantables tueries de Liège donnent encore et encore à penser. Evidemment, on a affaire à de la délinquance, à de petites frappes qui se récupèrent en prison autour de projets délirants, et qui n'ont plus rien à perdre.
La société occidentale a une responsabilité énorme là-dedans : elle n'est guère parvenue à faire des prisons des lieux autres que de moisissure, qu'il s'agisse du reste de l'architecture ou des détenus. Ce n'est pas normal : les prisons, dans leur fonction, doivent œuvrer à la réinsertion sociale, elles n'en ont pas les moyens, ni humains (en personnel, par exemple: que gagne par mois un gardien?), ni psychologiques, ni spirituels... Echec, prévu de longue date dans le livre indépassable du Philosophe Michel Foucault, Surveiller et punir... depuis des décennies! Il y a donc une profonde réforme à penser, à mettre en œuvre, non seulement de répression du mal, mais de son "traitement", en envisageant ses origines sociales, ses complicités, les insuffisances qu'il dénote en matière scolaire, économique, etc. Nos politiques, ceux qui vont se présenter à nos suffrages, d'abord dans quelques mois, pour les communales, puis dans un an, pour les législatives, que disent-ils là-dessus? Mais nous, les interrogeons-nous là-dessus? Que leur faisons-nous dire là-dessus? Certains pays de l'UE sont plus décidés que nous sur ces questions, en particulier les pays scandinaves - interroge-t-on leurs pratiques?
Malheureusement, outre le sort général des prisons, la religion entre pour une bonne part, semble-t-il, dans un processus en effet  pénitentiaire, qui exacerbe des rancunes et provoque des passages à l'acte pour des délinquants "en fond de peine" (et qui parient là-dessus pour n'être plus surveillés du tout, c'est-à-dire que n'ayant bénéficié d'aucune remise de peine, ils ne sont plus contrôlables, manière évidente de tourner la générosité du système en faveur d'une impunité inédite).  La religion, oui, comme prétexte, pour des gens qui trouvent dans cet horizon prétendument eschatologique ("tu iras au Paradis") une justification à leur rancœur de malades mentaux.
S'ils ont pu, s'ils peuvent, se servir de la religion (quelle qu'elle soit) comme prétexte à leurs actes terroristes, c'est bien sûr que le système pénitentiaire est mal adapté,  qu'ils sont des fous non repérés comme tels par ce même système alors que leur place devrait être en "défense sociale" psychiatrique, mais c'est aussi que la religion est mal connue et mal traitée dans nos sociétés. Sous le prétexte de la laïcité (qui est une excellente chose, cette séparation bienvenue des pouvoirs), celles-ci en effet ont tendance à se moquer du religieux, au mieux à le folkloriser, au pire à le dénigrer et à mépriser les personnes qui "croient encore à tout cela".
La réaction, attendue par ceux qui connaissent un peu l'histoire du phénomène religieux dans les sociétés humaines, est, et ne peut être, qu'un boomerang.  En prend-on la mesure?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire