mardi 14 novembre 2017

Gisèle...

Dans un article précédent, je disais avoir conféré l'Onction à Gisèle, la veuve de mon ancien instituteur. Je reviens de Sivry, où j'ai célébré ses funérailles ce matin - elle s'en est allée, paisiblement, jeudi dernier après avoir demandé, elle qui était toujours l'élégance même, à jeter un dernier coup d'œil au miroir...
Sur le "souvenir pieux", je lis ce mot de Christian Bobin, que les enfants ou petits-enfants ont tiré de je ne sais lequel de ses recueils, et que je trouve très inspirant :


"Chaque séparation nous donne une vue de plus en plus ample et éblouie de la vie. Les arrachements nous lavent. Tout se passe, dans cette vie, comme s'il nous fallait avaler l'océan. Comme si, périodiquement, nous étions remis à neuf par ce qui nous rappelle de ne pas nous installer, de ne pas nous habituer. La vie a deux visages : un émerveillant et un terrible. Quand vous avez vu le visage terrible, le visage émerveillant se tourne vers vous comme un soleil."


Et aujourd'hui, en effet, les bonnes nouvelles se succèdent : une nièce adorée (et adorable) pour laquelle on craignait une pathologie sévère, au sortir d'une investigation approfondie, a reçu la bonne nouvelle - elle n'a rien de grave! Une famille, où certaines relations étaient tendues, se réconcilie. Un jeune homme, ou plutôt un homme encore jeune, que des parents me demandaient de rencontrer parce qu'il a de sérieux problèmes de dépression et d'alcool, sort ragaillardi d'une cure hospitalière et a repris le travail - tout cela est encore fragile, mais va dans le bon sens!


Il est vrai que, sur les trois dossiers, j'avais mis Marie Noël dans le coup. On parle de sa béatification : elle va peut-être avoir besoin d'accomplir des miracles, pour y aider (je la "charrie" un peu en disant ça, mais cela ne doit pas lui déplaire.) Et depuis jeudi, j'avais mis aussi Gisèle, ma chère défunte d'aujourd'hui, sur les mêmes dossiers - j'ai rappelé ce matin qu'il y avait chez elle, dans ses rapports avec le Bon Dieu, un aspect syndicaliste. Elle convenait évidemment que le Bon Dieu était le Patron, mais de temps en temps, elle estimait que devant des situations graves, il fallait, comme elle le disait, "faire violence au ciel" et se regrouper pour des revendications sectorielles si l'on jugeait insuffisants les salaires ou rémunérations... Cela n'allait pas jusqu'à la grève (de la prière), non, mais on était quelquefois au bord de la mauvaise humeur vis-à-vis du PDG...
Je vois qu'elle continue de faire au ciel cette "douce violence".


Et aux lecteurs qui trouveraient que mes propos sont niais, je dirais de façon très sérieuse : n'admettez jamais que la vie ne soit simplement que ce qu'elle est. Elle possède une dimension infiniment plus mystérieuse à laquelle nous avons peu d'accès, mais qui en garantit - et nous le pressentons quelquefois - toute la saveur!

1 commentaire:

  1. En effet, tout le monde ne comprend pas. Merci, d'autant plus, de partager ceci sur votre blog.
    Je pourrais raconter une anecdote semblable au sujet d'une amie (habitant Ivry, assaillie par la misère), confiée à l'intercession de Madeleine Delbrêl.

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