vendredi 8 avril 2016

Amoris laetitia

Beaucoup attendaient l'exhortation post-synodale du pape sur la famille : la voici, avec pour titre réjouissant "La joie de l'amour".
Beaucoup seront déçus : ceux qui pensaient, d'une part, que le pape allait bouleverser les "règles" en vigueur dans la considération du mariage chrétien et de sa sacramentalité, qu'il allait par exemple "sacramentaliser" toutes les formes d'union conjugale ou de famille. Il ne le fait pas, considérant que la famille hétérosexuelle, se promettant fidélité et exclusivité dans cette fidélité, souhaitant la fécondité et l'éducation d'enfants, est pour l'Eglise la forme par excellence de l'union sacramentelle, de l'union qui porte en elle, au moins potentiellement, l'image de l'alliance entre Dieu et les hommes, entre le Christ et l'Eglise.
A l'autre bout de la chaîne idéologique, seront déçus - et, je crois, plus durement déçus - les partisans d'une condamnation de tout ce qui n'est pas ce modèle. Le pape ne condamne rien ni personne. Il souhaite à tous une conjugalité heureuse, il souhaite surtout que chacun(e) puisse être accompagné, respecté dans ses choix conjugaux, et y compris - selon le discernement de l'accompagnateur - sacramentellement accompagné.
Je retiens de cette première lecture, avide - je le confesse, j'étais curieux de savoir - et donc rapide, qu'il s'agit  d'une réhabilitation de la conscience morale et spirituelle de chacun, d'une confiance fondamentale faite à l'être humain de choisir "son" bien, même s'il se trompe "objectivement". Après des années où le Magistère romain n'a recommandé que ce qu'on nomme en morale le "tutiorisme" (il ne faut promouvoir, jamais, que la solution "plus sûre", sans grande compassion pour les personnes), cette réhabilitation de la conscience renoue avec ce que la théologie morale catholique porte en elle de plus fructueux, depuis saint Paul (on la voit s'élaborer dans la Première Lettre aux Corinthiens) jusqu'au Concile Vatican II (le fameux numéro 16 de la Constitution pastorale Gaudium et spes : "Au fond de sa conscience, l'homme découvre l'existence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée à lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir...", etc.) en passant par saint Thomas d'Aquin et ses exigences répétées, martelées, même, dans la Summa, de ne considérer aucun acte comme moral sauf s'il est porté par une conscience libre et souveraine.
A priori, grand texte, donc.
Comment sera-t-il reçu? Je gage que certains médias , à droite ou à gauche, déploreront l'absence de ce qu'ils avaient escompté.
J'espère que les gens qui trouvent importante la vie de famille le liront.
Et en verront la pertinence, la bienveillance, la finesse.
Et, grâce à lui, aideront les couples qu'ils connaissent à trouver un véritable bonheur conjugal et "la joie de l'amour".

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