mardi 22 mars 2016

Comprendre le malheur belge

Je le sais, il n'est pas de bon ton, et il est souvent mal vu, de donner ne serait-ce qu'une ombre d'explication à la haine des "jihadistes" envers l'Occident.
Je suis belge, et ce soir, affreusement blessé moi-même par ce qui a blessé - et tué - des dizaines de personnes, belges ou non, dans le cœur de mon pays, que je trouve le plus beau du monde.
Mais...
Il y a ce que l'Eglise catholique, et beaucoup de chrétiens non catholiques, et beaucoup d'hommes dits "de bonne volonté" rappellent depuis si longtemps, des décennies et des décennies.
A savoir :
qu'on ne saurait être riche en méprisant les autres, sinon, cela vous revient comme un boomerang dans la figure, d'une façon ou d'une autre.
Nous sommes l'un des pays les plus riches du monde. Au cœur d'une Europe globalement riche, elle aussi.
Nous méprisons depuis des décennies le reste du monde - le sud africain, l'est proche ou moyen-oriental. Nous n'avons aucune politique sérieuse de développement qui nous engage réellement vis-à-vis de ces pays, sinon des politiques armées, par lesquelles nous leur procurons de quoi entretenir leur misère et notre bien-être.
Nos élections (fédérales, régionales) ne parlent jamais de cela : nous préférons nous concentrer sur l'âge de nos retraites et la préservation de nos acquis sociaux, sans jamais demander à nos candidats ce qu'ils comptent faire, concrètement, pour développer des politiques de mieux-être dans ces pays que nous pensons lointains.
Ils ne sont pas lointains.
Quand comprendrons-nous que, dans un monde "globalisé", devenu un village planétaire, c'est à nos portes que l'on se bat, que l'on meurt de faim et de soif, et que dès lors la religion est un prétexte comme un autre - souvent, quand, il n'y en plus d'autre - pour dire que ces inégalités, ça suffit?
Combien faudra-t-il encore d'attentats et de morts, avant qu'on ne pense à des projets fraternels, vraiment "humains", c'est-à-dire, considérant que l'humanité, où qu'elle soit, est une et possède des droits égaux, et que ce n'est pas parce que, par chance ou par hasard, nous vivons en Europe, que nous avons plus de droit à plus de confort?
On l'a tellement dit et répété... Et - vous pardonnerez au prêtre que je suis de le souligner - les papes en tête, depuis Jean XXIII au moins.
Et personne n'écoute...

1 commentaire:

  1. Vous avez raison. Rappeler le contexte et le climat dans lesquels ces actes de terreur ont lieu est utile.

    En oubliant l'existence des tiers et quart mondes, des populations entières restent enfermées dans leur misère. De même la politique de nos dirigeants gouvernementaux et industriels vise quasiment à ne protéger que les intérêts de nos pays. Nous supportons des régimes de dictateurs, des pays impérialistes : lorsque des populations réduites à la misère, souvent depuis des générations, supplient de les aider d'en sortir, nous ne les aidons que par quelques dons de particuliers, des discours solennels bien souvent sans suite. Trop souvent notre «aide» se résume à une aide militaire qui n'arrange rien sur le terrain.

    Dans un tel climat, des hommes et femmes qui n'ont plus rien à perdre, sont malheureusement enclins à sortir de leur carcan par la violence, enclins à se venger de ce qu'ils perçoivent comme une injustice profonde. Ils se sentent déshérités et se retrouvent désorientés dans un monde dont la fraction fortunée ne les considère que comme un fait-divers au journal.

    Parce qu'ils ont remarqué que les discours philosophiques ou les religions originelles n'ont apporté ni la paix, ni une répartition de biens équitable, ils ne veulent plus y croire. Les termes «frère» et «soeur» n’ont plus de sens universel pour eux. Pas plus que pour beaucoup d’entre nous, d’ailleurs.

    Ces hommes et femmes enlisés dans la misère matérielle et psychique peuvent trouver une justification dans des systèmes philosophiques ou religieux qu'ils manipulent pour y trouver une raison de vivre, de se battre pour sortir de leur carcan. De plus, ces groupes de personnes désespérées attirent d’autres hommes et femmes qui matériellement plus libres - vivant dans nos pays par exemple - ne connaissent pourtant pas une liberté mentale ou psychique suffisante. Ils vivent dans nos ghettos, n’ont qu’un accès restreint à l’enseignement ou aux activités sociales, accèdent difficilement au marché de l’emploi, sont méprisés et marginalisés...

    Vous avez raison. Le partage des biens matériels et spirituels au niveau de la planète, entre tous les frères et soeurs, assèchera ces mauvaises herbes que sont la haine, la convoitise chez les uns, mais aussi l’égoïsme, l’aveuglement chez les autres.

    Si la planète est trop grande pour chacun de nous, commençons dans notre entourage.

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