lundi 24 août 2015

Sur la difficulté de faire oraison

Par "oraison", j'entends ici un certain type de prière : la prière silencieuse, sans support textuel devant les yeux, que l'on pratique dans sa chambre ou dans la solitude d'une chapelle. La question, l'inévitable question première, est celle de la peur du vide, du silence, pour nous qui sommes tellement environnés de bruit. Que se passe-t-il, quand il ne se passe rien? C'est la grande difficulté de l'oraison,  celle de son début, qui est consentement à ce sentiment d'ennui (dès que l'on se met en silence, on a toujours "du lait qui bout sur le feu", des coups de fil à donner, des choses pratiques à régler. Normal.) Et au fond, la difficulté du début demeure durant tout le temps de l'oraison, et durant tous les temps pris dans une vie humaine pour "faire oraison" : on y est toujours un débutant.
Ce sentiment de l'ennui vient de très loin en nous : des première années,  déjà - "je m'ennuie", lamentation de l'enfant délivré des jeux et posté au bord de soi-même. Ennui d'être seul avec soi. Souhait d'être "dis-trait" de soi, tiré hors de soi. Et il est vrai que le monde extérieur nous convoque à la visite, à l'exploration.
Mais le monde intérieur n'est pas moins vaste.
Et dans les deux cas, l'appel au voyage vient du Même : le Créateur souhaite la curiosité de sa créature, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, les deux visites du reste s'appelant l'une l'autre et se fécondant mutuellement.
L'oraison silencieuse est bien un voyage, dont la mise en route est difficile - quitter le port d'attache, toujours, est une aventure à laquelle on ne consent pas sans quelque frayeur.
Mais un grand, un immense désir nous y convie.
Et si l'on se demandait pourquoi?

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